LE PILIER DU SEUIL

Vous que je vois venir
partis de loin parfois
à pied ou en voiture
votre grande fierté
soigneusement rangée
dans le parking tout proche

Interrogeant le ciel
craignant intempéries
et regardant vos montres
avant de traverser
le pont et pénétrer
sous l'arche énigmatique

Tout cela se renverse
quand vous me franchissez
en moins d'une seconde
sans vous en rendre compte
imprégnés de ma sève
d'invisibilité

Vous devenez votre ombre
qui regarde pour vous
en cherchant des miroirs
pour retrouver vos mains
et les échos de salles
pour parler à nouveau

Quand je vous reverrai
après votre visite
je vous restituerai
votre ancienne apparence
tatouée d'une marque
comme esclave ou bagnard

Ce sera le visa
pour l'élargissement
le sésame ouvre-toi
pour les trésors des nuages
et votre passeport
pour la terre d'asile
 
 
 

1 titre

La plus vieille église de France
où vint méditer saint Arnoud
l'ancêtre des carolingiens
au confluent de la Moselle

et de la Seille avec des îles
parmi les ruines de la ville
romaine où les mérovingiens
avaient édifié leur cour d'or
 

2 3 4

Inondations et clapotis
la ville rêve Saint Arnoud
où j'étais maire du palais
auprès de Saint Pierre aux nonnains

les menaces des grandes guerres
le filet d'or mérovingien
les murmures de la Moselle
les invasions les tromperies
 

Les attentes les décisions
le palais du roi fainéant
dont j'étais maire en ma jeunesse
la chapelle des templiers

le chevet de la cathédrale
les manuscrits carolingiens
les discussions du tribunal
tribunes autels et tombeaux
 

Orchestres et chorégraphie
maire près du roi d'Austrasie
n'était pas vraiment une ville
la chapelle dans le miroir

les piscines dans le musée
les constructions des capétiens
les spectacles de l'arsenal
reproductions acquisitions
 

5 6 7

Divagations inondations
autrefois rêve Saint Arnoud
une grande ville était là
une nymphe apaise les juges

les grondements des grandes guerres
le fil de l'or mérovingien
les moirures de la Moselle
vomissements et tromperies
 

Les colonnes et les attentes
mais c'était au temps des romains
nous en habitions les débris
la statue du maréchal Ney

les piliers de la cathédrale
les ornements carolingiens
les corruptions du tribunal
tribunes contreforts autels
 

Les orchestres la mise en scène
le palais des rois fainéants
n'était pas vraiment un palais
la neige a recouvert l'empire

la victoire ailée du musée
les verrières des capétiens
les escaliers de l'arsenal
reproductions restaurations
 

8 9

Colorations divagations
le palais rêve saint Arnoud
était comme une grande ferme
sous la tenture des forains

les famines des grandes guerres
le palais d'or mérovingien
les mélodies de la Moselle
arrachements vomissements
 

Les colonnes les accusés
il ressemblait mais en plus grand
au couvent qui est ma demeure
les souvenirs d'autres empires

chapiteaux de la cathédrale
les désordres des républiques
les inscriptions du tribunal
les deux tours et les contreforts

sentinelles et mise en scène
monstres et dieux dans le musée
les ateliers de l'arsenal
présentations restaurations
 

10 11

Ombrages et colorations
les romains rêve saint Arnoud
du temps de leur immense empire
le lourd roi saint Louis sans sa main

les destructions des grandes guerres
la cour d'or des mérovingiens
les tourbillons de la Moselle
explosions et arrachements
 

Les accusés les vilenies
auraient dit c'est une villa
avec les dortoirs et cuisines
les repliements des parasols

les statues de la cathédrale
les problèmes des républiques
les jugements du tribunal
les façades et les deux tours

obus et bombes sentinelles
l'octogone dans le musée
fabrications de l'arsenal
inventaires présentations
 

12 13 14

Les réflections et les ombrages
contenant rêve saint Arnoud
granges étables porcheries
arcades avec leurs reflets

les ravages des grandes guerres
les épées des mérovingiens
les repliements de la Moselle
les incendies les explosions
 

Les intrigues les vilenies
avec ateliers écuries
oratoires bibliothèque
les fenêtres dans les rayons

les voûtes de la cathédrale
les conflits des carolingiens
les plaidoyers du tribunal
les chandeliers et les façades
 

Fusils canons bombes obus
entourés de remparts en terre
avec des pieux en palissade
les balcons surveillent la place

relief de Mithra au musée
les croisades des capétiens
les réserves de l'arsenal
superpositions inventaires
 

15 16 17

Les plumages et réflections
des portails rêve saint Arnoud
donnaient sur les voies et les champs
anamorphose du gothique

les passages des grandes guerres
les tombeaux des mérovingiens
les caresses de la Moselle
les migrations les incendies
 

Les omissions et les intrigues
donnaient sur des prés où des herbes
germaient montaient ouvraient des yeux
portique du marché couvert

les vitraux de la cathédrale
les efforts des carolingiens
subterfuges du tribunal
le dragon et les chandeliers
 

Sabres épées fusils canons
prés où des herbes proposaient
des gueules des bras et des jambes
frontons et tympans se répondent

céramiques dans le musée
les tumultes des capétiens
transformations de l'arsenal
questions et superpositions
 

18 19

Les friselis et les plumages
exposaient rêve saint Arnoud
poitrines gorges et nombrils
colonnes sont devenues rames

les approches des grandes guerres
églises des mérovingiens
les séductions de la Moselle
les étendards les migrations
 

Les présidents les omissions
je répondais à leurs invites
et j'ai eu de nombreux enfants
surnagent marchands et commis

sacristie de la cathédrale
les assemblées des républiques
résistances du tribunal
la crypte où survit le dragon

cuirasses des épées des sabres
l'âge du fer dans le musée
les musiciens dans l'arsenal
éclairage interrogations
 

20 21

Les vignobles les friselis
mes enfants rêve saint Arnoud
m'aidaient dans l'administration
plumage sur la cathédrale

les mensonges des grandes guerres
les monnaies des mérovingiens
les tentations de la Moselle
les fanfares les étendards
 

Les avocats les présidents
ils m'épaulaient de plus en plus
dans la gestion de mes domaines
la nef s'élance sur les vagues

les portails de la cathédrale
les élections des républiques
les archives du tribunal
les rayons éclairant la crypte

les coutelas et les cuirasses
le cuivre et le bronze au musée
les grincements de l'arsenal
l'admiration les éclairages
 

22 23

Les embarcations les vignobles
mes enfants rêve saint Arnoud
pouvaient bien se passer de moi
le gardien du seuil se renverse

les beaux discours des grandes guerres
les souvenirs mérovingiens
miroitements de la Moselle
les illusions et les fanfares
 

Les processions les avocats
leur mère venait de mourir
rien ne me semblait comme avant
l'arbre se hérisse d'épines

le trésor de la cathédrale
les compromis des républiques
les collections du tribunal
les bestiaires et les rayons

les revolvers les coutelas
l'orfèvrerie dans le musée
martellements dans l'arsenal
conférences l'admiration
 

24 25

Roseraies sur embarcations
une nuit rêve saint Arnoud
solitaire dans ma demeure
la statue de la synagogue

les tremblements des grandes guerres
les meurtres des mérovingiens
transparences de la Moselle
ossuaires des illusions
 

Les ornements les processions
cherchant le sommeil dans mon lit
les volets et rideaux fermés
tenant les tables de la loi

les orgues de la cathédrale
les écoles des républiques
les tricheries du tribunal
les couleurs teignant les bestiaires

les boucliers les revolvers
les sculptures dans le musée
l'exploitation de l'arsenal
explications et conférences
 

26 27

Gazouillis dans les roseraies
tout fermé rêve saint Arnoud
car c'était le noir de l'hiver
vierge devant flammes de verre

les hurlements des grandes guerres
les chariots des mérovingiens
enseignements de la Moselle
lamentations des ossuaires
 

Les dorures les ornements
dans le froid du noir de l'hiver
quelque braise encore dans l'âtre
la vierge émerge des lichens

les marches de la cathédrale
les fastes de la république
calligraphies du tribunal
les tympans cherchant leurs couleurs

les chars d'assaut les boucliers
les entrelacs dans le musée
les cheminées de l'arsenal
promenades explications
 

28 29

Gargouillis sous les gazouillis
sur le seuil rêve saint Arnoud
dormait un jeune chevalier
la cathédrale a fait naufrage

les cauchemars des grandes guerres
les brumes des mérovingiens
les litanies de la Moselle
dévastations lamentations
 

Les inventions et les dorures
j'ai cru voir dans mon insomnie
mon épouse entrer dans ma chambre
une épave couverte d'algues

tribunes de la cathédrale
rouages de la république
l'éloquence du tribunal
roses s'entrouvrant aux tympans

les obusiers les chars d'assaut
les peintures dans le musée
les fonderies de l'arsenal
uniformes en promenade
 

30 31

Confidences des gargouillis
la morte rêve saint Arnoud
marchait dans une lueur de Lune
la grille de l'hôtel de ville

les corruptions des grandes guerres
les ombres des mérovingiens
les fantaisies de la Moselle
acharnements dévastations
 

Les martyres les inventions
lentement elle a soulevé
pour moi son voile découvrant
les déroulements des fleurons

pinacles de la cathédrale
maréchaux de la république
brutalités du tribunal
le transept avec ses deux roses

les forgerons les obusiers
les maquettes dans le musée
les minerais dans l'arsenal
les vitrines des uniformes
 

32 33

Les caprices des confidences
découvrant rêve saint Arnoud
son crâne décharné tout blanc
casques des maisons mil neuf cent

les carnages des grandes guerres
fantômes des mérovingiens
les caprices de la Moselle
carnages et acharnements
 

Les atrocités les martyres
elle m'a montré de ses mains
de squelette un brillant miroir
floraisons de fer aux balcons

les deux tours de la cathédrale
défilés de la république
atrocités du tribunal
l'anneau d'or luisant au transept

les minerais les forgerons
plafonds historiés au musée
métallurgie dans l'arsenal
vitrines greniers et maquettes
 

34 35 36

Les caprices les fantaisies
le plus clair rêve saint Arnoud
de tous les miroirs que j'aie vus
la ferronnerie dans le cloître

acharnements des grandes guerres
les complots des mérovingiens
confidences de la Moselle
les corruptions et les carnages
 

Brutalités atrocités
surtout le plus grand j'aurais pu
m'y voir des pieds jusqu'à la tête
arcades comme un défilé

l'anneau d'or de la cathédrale
parchemins des carolingiens
les martyres du tribunal
les deux tours et leurs cabochons
 

Les fonderies les minerais
je n'y ai pas vu mon visage
mais celui de mon fils aîné
niches comme un calendrier

les vitrines dans le musée
signatures des capétiens
les obusiers dans l'arsenal
les peintures et les maquettes
 

37 38 39

Les litanies les fantaisies
j'y ai vu rêve saint Arnoud
celui de mon fils Angésise
les toits qui tremblent dans la brume

dévastations des grandes guerres
les ruines des mérovingiens
les gargouillis de la Moselle
les cauchemars les corruptions
 

Éloquence brutalités
qui m'a regardé longuement
avant de me montrer lui-même
les barreaux se matérialisent

le transept de la cathédrale
les écus des carolingiens
les inventions du tribunal
les pinacles et les deux tours
 

Les cheminées des fonderies
son propre fils et c'était bien
le petit Pépin d'Héristal
la ville en train de s'évanouir

uniformes dans le musée
les armoiries des capétiens
les chars d'assaut dans l'arsenal
les entrelacs et les peintures
 

40 41 42

Enseignements et litanies
mais voilà rêve saint Arnoud
qu'il était devenu adulte
le cadavre qui se détend

lamentations des grandes guerres
les fumées des mérovingiens
les gazouillis de la Moselle
les hurlements et cauchemars
 

Calligraphies de l'éloquence
et cela continue ainsi
d'une génération à l'autre
le nouveau-né qui se détend

les roses de la cathédrale
broderies des carolingiens
les dorures du tribunal
les tribunes et les pinacles
 

L'exploitation des cheminées
jusqu'à un splendide barbu
ouvrant la bouche pour me dire
forêt des vivants et des morts

promenades dans le musée
les bannières des capétiens
les boucliers dans l'arsenal
les sculptures et leurs entrelacs
 

43 44

Enseignements et transparences
qui me dit rêve saint Arnoud
je suis le nouvel empereur
celle qui fait boire les ombres

ossuaires des grandes guerres
les festins des mérovingiens
les roseraies de la Moselle
les tremblements et hurlements
 

Tricheries des calligraphies
le nouvel empereur de Rome
j'installerai ma capitale
celle qui danse dans la neige

les tympans de la cathédrale
casernes de la république
les ornements du tribunal
les marches montant vers les orgues

martellements exploitations
explications dans le musée
les revolvers dans l'arsenal
sculptures et orfèvreries
 

45 46 47

Miroitements et transparences
empereur rêve saint Arnoud
dans les ruines d'Aix la chapelle
la nymphe fait couler la nuit

les illusions des grandes guerres
les nomades mérovingiens
embarcations sur la Moselle
les beaux discours les tremblements
 

Les collections les tricheries
que je vais métamorphoser
avec une armée de héros
le cheval bleu dans le zodiaque

les couleurs de la cathédrale
baptistères carolingiens
les processions du tribunal
les tuyaux d'orgues les trésors
 

Grincements et martellements
pacifiques reconstructeurs
que je nommerai les égaux
cavalcade en pleine forêt

conférences dans le musée
politique des capétiens
les coutelas dans l'arsenal
l'âge du bronze orfèvreries
 

48 49 50

Tentations et miroitements
renaîtront rêve saint Arnoud
basiliques et colisées
les têtes parlent aux fenêtres

les fanfares des grandes guerres
les poignards des mérovingiens
les vignobles de la Moselle
les mensonges les beaux discours
 

Les archives les collections
et même jardins suspendus
pyramides et mausolées
un guerrier de l'éternité

bestiaire de la cathédrale
les ivoires carolingiens
les avocats du tribunal
statue du portail et trésors
 

Les musiciens les grincements
le miroir s'est alors brisé
et mon épouse a continué
le guerrier rentre sous la terre

admirations dans le musée
tapisseries des capétiens
les cuirasses dans l'arsenal
les âges du bronze et du fer
 

51 52

Les séductions les tentations
le spectre rêve saint Arnoud
m'a prédit que mes descendants
miroir sur le mur de la gare

les étendards des grandes guerres
les parfums des mérovingiens
les friselis de la Moselle
les approches et les mensonges
 

Les résistances les archives
élimineraient ceux du roi
que je prétends servir encore
miroir sur le mur d'un hôtel

les rayons dans la cathédrale
les concours de la république
les présidents du tribunal
les portails et la sacristie

géométries et musiciens
éclairages dans le musée
épées sabres dans l'arsenal
céramiques néolithiques
 

53 54

Les séductions et les caresses
quitte donc rêve saint Arnoud
la vie de cour fût-elle d'or
la porte à travers le rempart

les migrations des grandes guerres
les trafics des mérovingiens
les plumages de la Moselle
les approches et les passages
 

Résistances et subterfuges
dévoue-toi pour la diffusion
de la religion des romains
Rabelais passa par ici

la crypte de la cathédrale
les manuels de la république
les omissions du tribunal
les vitraux et la sacristie

transformations géométrie
interrogations au musée
fusils canons dans l'arsenal
le bas relief du dieu Mithra
 

55 56 57

Les repliements et les caresses
t'efforçant rêve saint Arnoud
de la préserver des ténèbres
pleins feux sur le nouveau marché

les incendies des grandes guerres
le sommeil des mérovingiens
les réflections de la Moselle
les passages et les ravages
 

Subterfuges des plaidoyers
préserver de la corruption
et de l'opacité sournoise
les chemins de l'âge de fer

le dragon de la cathédrale
les ruses des carolingiens
les intrigues du tribunal
les ogives et les vitraux
 

Les transformations des réserves
tu seras l'évêque de Metz
et c'est en partie grâce à toi
la végétation du commerce

superpositions au musée
les fleurs de lys des capétiens
bombes obus dans l'arsenal
octogone monstres et dieux
 

58 59

Les tourbillons et repliements
grâce à toi rêve saint Arnoud
que le prochain empire à naître
la femme ajuste ses volutes

les explosions des grandes guerres
les faucons des mérovingiens
les ombrages de la Moselle
les destructions et les ravages
 

Les plaidoyers les jugements
deviendra saint pour mille années
avant qu'un autre épouvantable
l'église pétrifie ses palmes

les flambeaux de la cathédrale
les lycées de la république
les vilenies du tribunal
les statues sous leurs baldaquins

réserves et fabrications
les inventaires du musée
sentinelles dans l'arsenal
victoire ailée monstres et dieux
 

60 61

Les mélodies les tourbillons
terrible rêve saint Arnoud
de haine et d'extermination
empire culbutant empire

arrachements des grandes guerres
les rêves des mérovingiens
colorations de la Moselle
les famines les destructions
 

Les jugements les inscriptions
un empire qui fermera
les yeux de nos forêts bénies
empires en révolution

les parois de la cathédrale
discussions de la république
les accusés du tribunal
les chapiteaux et leurs feuillages

ateliers de fabrication
les présentations du musée
mise en scène dans l'arsenal
victoire ailée dans les piscines
 

62 63 64

Les moirures les mélodies
qui fera rêve saint Arnoud
pourrir la mer des anciens dieux
porte d'un empire évanoui

vomissements des grandes guerres
les fureurs des mérovingiens
divagations de la Moselle
les grondements et les famines
 

Les corruptions les inscriptions
et jusqu'à l'océan lointain
aux pays de glace et de feu
reflets d'un empire en souffrance

les deux tours de la cathédrale
les perles des carolingiens
les supplices du tribunal
les faisceaux de piliers du choeur
 

Les escaliers les ateliers
au matin ouvrant ma fenêtre
j'ai vu galoper un centaure
larmes du crâne de l'Histoire

les restaurations du musée
l'épuisement des capétiens
les orchestres dans l'arsenal
les piscines des anciens thermes
 

65

Les murmures et les moirures
maintenant rêve saint Arnoud
je fais recopier les vieux livres
baisers dans les ruines du temple

les attentes au tribunal
les tombeaux dans la cathédrale
chorégraphie dans l'arsenal
les reproductions du musée

les terreurs des mérovingiens
les amours des carolingiens
les courtoisies des capétiens
la modestie des républiques
 
 
 

1 titre

La plus vieille église de France
où vint méditer Saint Arnoud
l'ancêtre des carolingiens
au confluent de la Moselle

et de la Seille avec des îles
parmi les ruines de la ville
romaine où les mérovingiens
avaient édifié leur cour d'or
 

2 3 4

C'était comme une apparition
la ville rêve Saint Arnoud
où j'étais maire du palais
auprès de Saint Pierre aux nonnains

regardant tout autour de moi
le filet d'or mérovingien
les murmures de la Moselle
je monte à l'échelle du temps
 

Les attentes les décisions
le palais du roi fainéant
dont j'étais maire en ma jeunesse
la chapelle des templiers

je m'arrête pour respirer
les manuscrits carolingiens
les discussions du tribunal
je tourne les pages des âges
 

Orchestres et chorégraphie
maire près du roi d'Austrasie
n'était pas vraiment une ville
la chapelle dans le miroir

je suis envahi de légendes
les constructions des capétiens
les spectacles de l'arsenal
je glisse entre siècles et tombes
 

5 6 7

Divagations inondations
autrefois rêve Saint Arnoud
une grande ville était là
une nymphe apaise les juges

je me remémore l'Histoire
le fil de l'or mérovingien
les moirures de la Moselle
je ne sais plus bien qui je suis
 

Les colonnes et les attentes
mais c'était au temps des romains
nous en habitions les débris
la statue du maréchal Ney

une musique me poursuit
les ornements carolingiens
les corruptions du tribunal
je vais vous montrer le chemin
 

Les orchestres la mise en scène
le palais des rois fainéants
n'était pas vraiment un palais
la neige a recouvert l'empire

je vois défiler les images
les verrières des capétiens
les escaliers de l'arsenal
vous devriez passer par là

8 9

Colorations divagations
le palais rêve Saint Arnoud
était comme une grande ferme
sous la tenture des forains

je suis hanté par les rumeurs
le palais d'or mérovingien
les mélodies de la Moselle
je suis heureux de vous revoir
 

Les colonnes les accusés
il ressemblait mais en plus grand
au couvent qui est ma demeure
les souvenirs d'autres empires

je rencontre un de mes amis
nous voyons un petit garçon
sortant du 2 rue Haute-pierre
les deux tours et les contreforts

monstres et dieux dans le musée
je rêve il rêve nous rêvons
une brume d'invitations
j'ignorais que vous étiez là
 

10 11

Ombrages et colorations
les romains rêve Saint Arnoud
du temps de leur immense empire
le lourd roi Saint Louis sans sa main

je découvre une rue charmante
la cour d'or des mérovingiens
les tourbillons de la Moselle
je ne vous ai pas reconnu
 

Les accusés les vilenies
auraient dit c'est une villa
avec les dortoirs et cuisines
les repliements des parasols

je tourne au coin d'un magasin
je découvre le petit Paul
fils du capitaine Verlaine
les façades et les deux tours

l'octogone dans le musée
l'art de la déambulation
un brouillard de chuchotements
pardon monsieur excusez-moi
 

12 13 14

Les réflections et les ombrages
contenant rêve Saint Arnoud
granges étables porcheries
arcades avec leurs reflets

la pluie vient me laver les yeux
les épées des mérovingiens
les repliements de la Moselle
je divague dans mon ivresse
 

Les intrigues les vilenies
avec ateliers écuries
oratoires bibliothèque
les fenêtres dans les rayons

un rayon de soleil m'appelle
les conflits des carolingiens
les plaidoyers du tribunal
on m'avait raconté cela
 

Fusils canons bombes obus
entourés de remparts en terre
avec des pieux en palissade
les balcons surveillent la place

j'entre dans un jardin public
les croisades des capétiens
les réserves de l'arsenal
cela me reviendra peut-être
 

15 16 17

Les plumages les réflections
des portails rêve Saint Arnoud
donnaient sur les voies et les champs
anamorphose du gothique

j'ouvre le plan pour m'orienter
les tombeaux des mérovingiens
les caresses de la Moselle
je ne sais ce que j'avais vu
 

Les omissions et les intrigues
donnaient sur des prés où des herbes
germaient montaient ouvraient des yeux
portique du marché couvert

quelqu'un vient me tirer d'affaire
les efforts des carolingiens
subterfuges du tribunal
je suis revenu sur mes pas
 

Sabres épées fusils canons
prés où des herbes proposaient
des gueules des bras et des jambes
frontons et tympans se répondent

une auto freine brusquement
les tumultes des capétiens
transformations de l'arsenal
quelque chose m'a intrigué
 

18 19

Les friselis et les plumages
exposaient rêve saint Arnoud
poitrines gorges et nombrils
colonnes sont devenues rames

j'échappe à une éclaboussure
églises des mérovingiens
les séductions de la Moselle
je me heurte contre un passant
 

Les présidents les omissions
je répondais à leurs invites
et j'ai eu de nombreux enfants
surnagent marchands et commis

je me réfugie dans un bar
le petit garçon saturnien
sans cesse en chasse de couleurs
la crypte où survit le dragon

l'âge du fer dans le musée
déchiffrement du labyrinthe
j'étudie l'oracle des villes
j'échafaude mille projets
 

20 21

Les vignobles les friselis
mes enfants rêve Saint Arnoud
m'aidaient dans l'administration
plumage sur la cathédrale

je regarde à travers la vitre
les monnaies des mérovingiens
les tentations de la Moselle
les souvenirs tournent en foule
 

Les avocats les présidents
ils m'épaulaient de plus en plus
dans la gestion de mes domaines
la nef s'élance sur les vagues

j'écris sur mon petit carnet
« tout enfant j'allais rêvant Ko-hinoor
somptuosité persane et papale »
les rayons éclairant la crypte

le cuivre et le bronze au musée
paroles en surimpression
de quoi demain sera-t-il fait ?
une chanson de mon enfance
 

22 23

Les embarcations les vignobles
mes enfants rêve Saint Arnoud
pouvaient bien se passer de moi
le gardien du seuil se renverse

une chevelure de femme
les souvenirs mérovingiens
miroitements de la Moselle
publicité d'un cinéma
 

Les processions les avocats
leur mère venait de mourir
rien ne me semblait comme avant
l'arbre se hérisse d'épines

quelques fantômes m'accompagnent
« Héliogabale et Sardanapale
mon désir créait sous des toits en or »
les bestiaires et les rayons

l'orfèvrerie dans le musée
le temps déploie ses éventails
je suis la piste des instants
vitrines d'une librairie
 

24 25

Roseraies sur embarcations
une nuit rêve Saint Arnoud
solitaire dans ma demeure
la statue de la Synagogue

la fatigue envahit mon dos
les meurtres des mérovingiens
transparences de la Moselle
une très jeune femme enceinte
 

Les ornements les processions
cherchant le sommeil dans mon lit
les volets et rideaux fermés
tenant les tables de la loi

je me repose sur un banc
parmi les parfums au son des musiques
des harems sans fin paradis physiques
les couleurs teignant les bestiaires

les sculptures dans le musée
rumeurs de la forêt d'Ardenne
j'écarte les voiles du bruit
une mère avec ses enfants
 

26 27

Gazouillis dans les roseraies
tout fermé rêve saint Arnoud
car c'était le noir de l'hiver
vierge devant flammes de verre

je lis quelques lignes du Guide
les chariots des mérovingiens
enseignements de la Moselle
comment s'appelle cet oiseau ?
 

Les dorures les ornements
dans le froid du noir de l'hiver
quelque braise encore dans l'âtre
la vierge émerge des lichens

un sourire dans un miroir
petit Paul troublé par la nuit
y cherchant du gris et des nuances
les tympans trouvent leurs couleurs

les entrelacs dans le musée
j'entends j'écoute je traduis
bourdonnement du temps présent
je ferme mon imperméable
 

28 29

Gargouillis sous les gazouillis
sur le seuil rêve saint Arnoud
dormait un jeune chevalier
la cathédrale a fait naufrage

passant devant un restaurant
les brumes des mérovingiens
les litanies de la Moselle
je me faufile en traversant
 

Les inventions et les dorures
j'ai cru voir dans mon insomnie
mon épouse entrer dans ma chambre
une épave couverte d'algues

je hume une odeur de cuisine
le petit Paul sur l'esplanade
va retrouver son amoureuse
roses s'entrouvrant aux tympans

les peintures dans le musée
j'épie je capte je transmets
faibles signaux des temps lointains
j'imagine tout un roman
 

30 31

Confidences des gargouillis
la morte rêve Saint Arnoud
marchait dans une lueur de Lune
la grille de l'Hôtel de ville

un délicieux parfum de menthe
les ombres des mérovingiens
les fantaisies de la Moselle
en apercevant une affiche
 

Les martyres les inventions
lentement elle a soulevé
pour moi son voile découvrant
les déroulements des fleurons

une ouverture dans les nuages
les collègues du capitaine
les nomment Paul et Virginie
le transept avec ses deux roses

les maquettes dans le musée
faibles signaux des temps lointains
j'épie je capte je transmets
je déchiffre le nom des rues
 

32 33
 

Les caprices des confidences
découvrant rêve Saint Arnoud
son crâne décharné tout blanc
casques des maisons mil neuf cent

un mauvais souvenir m'obsède
fantômes des mérovingiens
les caprices de la Moselle
je me suis trompé d'avenue
 

Les atrocités les martyres
elle m'a montré de ses mains
de squelette un brillant miroir
floraisons de fer aux balcons

en quel siècle suis-je tombé ?
Virginie s'appelait Mathilde
c'est un prénom « carlovingien »
l'anneau d'or luisant au transept

plafonds historiés au musée
bourdonnement du temps présent
j'entends j'écoute je traduis
en quel siècle je suis tombé
 

34 35 36

Les caprices les fantaisies
le plus clair rêve Saint Arnoud
de tous les miroirs que j'aie vus
la ferronnerie dans le cloître

je me suis trompé d'avenue
les complots des mérovingiens
confidences de la Moselle
un mauvais souvenir m'obsède
 

Brutalités atrocités
surtout le plus grand j'aurais pu
m'y voir des pieds jusqu'à la tête
arcades comme un défilé

je déchiffre le nom des rues
parchemins des carolingiens
les martyres du tribunal
une ouverture dans les nuages
 

Les fonderies les minerais
je n'y ai pas vu mon visage
mais celui de mon fils aîné
niches comme un calendrier

en apercevant une affiche
signatures des capétiens
les obusiers dans l'arsenal
un délicieux parfum de menthe
 

37 38 39

Les litanies les fantaisies
j'y ai vu rêve Saint Arnoud
celui de mon fils Angésise
les toits qui tremblent dans la brume

j'imagine tout un roman
les ruines des mérovingiens
les gargouillis de la Moselle
je hume une odeur de cuisine
 

Éloquence brutalités
qui m'a regardé longuement
avant de me montrer lui-même
les barreaux se matérialisent

je me faufile en traversant
les écus des carolingiens
les inventions du tribunal
passant devant un restaurant
 

Les cheminées des fonderies
son propre fils et c'était bien
le petit Pépin d'Héristal
la ville en train de s'évanouir

je ferme mon imperméable
les armoiries des capétiens
les chars d'assaut dans l'arsenal
un sourire dans un miroir
 

40 41 42

Enseignements et litanies
mais voilà rêve Saint Arnoud
qu'il était devenu adulte
le cadavre qui se détend

comment s'appelle cet oiseau ?
les fumées des mérovingiens
les gazouillis de la Moselle
je lis quelques lignes du Guide
 

Calligraphies de l'éloquence
et cela continue ainsi
d'une génération à l'autre
le nouveau-né qui se détend

une mère avec ses enfants
broderies des carolingiens
les dorures du tribunal
je me repose sur un banc
 

L'exploitation des cheminées
jusqu'à un splendide barbu
ouvrant la bouche pour me dire
forêt des vivants et des morts

une très jeune femme enceinte
les bannières des capétiens
les boucliers dans l'arsenal
la fatigue envahit mon dos
 

43 44

Enseignements et transparences
qui me dit rêve Saint Arnoud
je suis le nouvel empereur
celle qui fait boire les ombres

vitrines d'une librairie
les festins des mérovingiens
les roseraies de la Moselle
quelques fantômes m'accompagnent
 

Séductions des calligraphies
le nouvel empereur de Rome
j'installerai ma capitale
celle qui danse dans la neige

publicité d'un cinéma
"Une sainte en son auréole
une châtelaine en sa tour"
les marches montant vers les orgues

explications dans le musée
j'écarte les voiles du bruit
rumeurs de la forêt d'Ardenne
une chevelure de femme
 

45 46 47

Miroitements et transparences
empereur rêve Saint Arnoud
dans les ruines d'Aix la chapelle
la nymphe fait couler la nuit

une chanson de mon enfance
les nomades mérovingiens
embarcations sur la Moselle
j'écris sur mon petit carnet
 

Les collections les tricheries
que je vais métamorphoser
avec une armée de héros
le cheval bleu dans le zodiaque

les souvenirs tournent en foule
baptistères carolingiens
les processions du tribunal
je regarde à travers la vitre
 

Grincements et martellements
pacifiques reconstructeurs
que je nommerai les égaux
cavalcade en pleine forêt

j'échafaude mille projets
politique des capétiens
les coutelas dans l'arsenal
je me réfugie dans un bar
 

48 49 50

Tentations et miroitements
renaîtront rêve Saint Arnoud
basiliques et colisées
les têtes parlent aux fenêtres

je me heurte contre un passant
les poignards des mérovingiens
les vignobles de la Moselle
j'échappe à une éclaboussure
 

Les archives les collections
et même jardins suspendus
pyramides et mausolées
un guerrier de l'éternité

quelque chose m'a intrigué
les ivoires carolingiens
les avocats du tribunal
une auto freine brusquement
 

Les musiciens les grincements
le miroir s'est alors brisé
et mon épouse a continué
le guerrier rentre sous la terre

je suis revenu sur mes pas
tapisseries des capétiens
les cuirasses dans l'arsenal
quelqu'un vient me tirer d'affaire
 

51 52

Les séductions les tentations
le spectre rêve Saint Arnoud
m'a prédit que mes descendants
miroir sur le mur de la gare

je ne sais ce que j'avais vu
les parfums des mérovingiens
les friselis de la Moselle
j'ouvre le plan pour m'orienter
 

Les résistances les archives
élimineraient ceux du roi
que je prétends servir encore
miroir sur le mur d'un hôtel

cela me reviendra peut-être
"tout ce que contient la parole
humaine de grâce et d'amour"
les portails et la sacristie

éclairages dans le musée
je suis la piste des instants
le temps déploie ses éventails
j'entre dans un jardin public
 

53 54

Les séductions et les caresses
quitte donc rêve Saint Arnoud
la vie de cour fût-elle d'or
la porte à travers le rempart

on m'avait raconté cela
les trafics des mérovingiens
les plumages de la Moselle
un rayon de soleil m'appelle
 

Résistances et subterfuges
dévoue-toi pour la diffusion
de la religion des romains
Rabelais passa par ici

je divague dans mon ivresse
un siècle et demi d'écoulé
depuis cette chanson galante
les vitraux et la sacristie

interrogations au musée
de quoi demain sera-t-il fait ?
paroles en surimpression
le pluie vient me laver les yeux
 

55 56 57

Les repliements et les caresses
t'efforçant rêve Saint Arnoud
de la préserver des ténèbres
pleins feux sur le nouveau marché

pardon monsieur excusez-moi !
le sommeil des mérovingiens
les réflections de la Moselle
je tourne au coin d'un magasin
 

Subterfuges des plaidoyers
préserver de la corruption
et de l'opacité sournoise
les chemins de l'âge de fer

je ne vous ai pas reconnu
les ruses des carolingiens
les intrigues du tribunal
je découvre une rue charmante
 

Les transformations des réserves
tu seras l'évêque de Metz
et c'est en partie grâce à toi
la végétation du commerce

j'ignorais que vous étiez là
les fleurs de lys des capétiens
bombes obus dans l'arsenal
je rencontre un de mes amis
 

58 59

Les tourbillons et repliements
grâce à toi rêve Saint Arnoud
que le prochain empire à naître
la femme ajuste ses volutes

je suis heureux de vous revoir
les faucons des mérovingiens
les ombrages de la Moselle
je suis hanté par les rumeurs
 

Les plaidoyers les jugements
deviendra saint pour mille années
avant qu'un autre épouvantable
l'église pétrifie ses palmes

vous devriez passer par là
petit Paul dans la cathédrale
fait sa prière à Saint Arnoud
les statues sous leurs baldaquins

les inventaires du musée
j'étudie l'oracle des villes
déchiffrement du labyrinthe
je vois défiler les images
 

60 61

Les mélodies les tourbillons
terrible rêve Saint Arnoud
de haine et d'extermination
empire culbutant empire

je vais vous montrer le chemin
les rêves des mérovingiens
colorations de la Moselle
une musique me poursuit
 

Les jugements les inscriptions
un empire qui fermera
le yeux de nos forêts bénies
empires en révolution

je ne sais plus bien qui je suis
le jeune Paul est à Paris
il y fait les quatre cents coups
les chapiteaux et leurs feuillages

les présentations du musée
un brouillard de chuchotements
l'art de la déambulation
je me remémore l'Histoire
 

62 63 64

Les moirures les mélodies
qui fera rêve Saint Arnoud
pourrir la mer des anciens dieux
porte d'un empire évanoui

je glisse entre siècles et tombes
les fureurs des mérovingiens
divagations de la Moselle
je suis envahi de légendes
 

Les corruptions les inscriptions
et jusqu'aux océans lointains
aux pays de glace et de feu
reflets d'un empire en souffrance

je tourne les pages des âges
les perles des carolingiens
les supplices du tribunal
je m'arrête pour respirer
 

Les escaliers les ateliers
au matin ouvrant ma fenêtre
j'ai vu galoper un centaure
larmes du crâne de l'Histoire

je monte à l'échelle du temps
l'épuisement des capétiens
les piscines des anciens thermes
regardant tout autour de moi
 

65

Les murmures et les moirures
maintenant rêve Saint Arnoud
je fais recopier les vieux livres
baisers dans les ruines du temple

je cherche l'or du lendemain
ainsi je tisse le dialogue
entre Verlaine et Saint Arnoud
les courtoisies les mélodies

les terreurs des mérovingiens
une brume d'invitations
je rêve il rêve nous rêvons
c'était comme une apparition

SPÉCIAL ÉCLIPSE

strophe du Soleil

Quand le navigateur Ulysse
après qu'il se fut reposé
quelques années dans son Ithaque
auprès de reine Pénélope
fut par le démon du voyage
forcé de reprendre la mer
il vit pour la première aurore
le Soleil sortir noir des flots

strophe de la Terre

Quand l'entreprenant Icare
sentit commencer à fondre
la cire tenant les ailes
qui le soulevaient dans l'air
voyant un grand cercle d'ombre
se déplacer sur les îles
il vola s'y rafraîchir

strophe de la Lune

Écrasé par l'été
le berger Endymion
dormait sous l'olivier
Artémis amoureuse
d'une gorgée de nuit
vint le désaltérer

strophe des Étoiles en plein jour

Un choeur d'astronomes
de l'Antiquité
allume des lampes
en délégation
des astres lointains
 
 
 

Vous qui venez parfois de loin
voici pour vous désaltérer
une fontaine de feuillets
avec l'élixir des ténèbres
pour ceux qui s'en servent encore

Voici des cellules de calme
avec tables à toute épreuve
pour y marteler vos machines
et lutter avec vos brouillons
dans la confidence des lampes

Voici des arches et des vitres
s'ouvrant sur la route et les arbres
les odeurs brassées par le vent
le chant des oiseaux et des cloches
la conversation des passants

Voici les fils et les écrans
qui donnent sur les bruits du monde
avec ses astres et désastres
le passage d'un siècle à l'autre
les angoisses des millénaires

Voici donc un peu de répit
dans le tremblement des affaires
pour forer le mur du silence
virer sur l'écume des phrases
chercher la formule et la clef
 
 
 
 
 

  La toile couvre les planches ou les carreaux, déborde par la porte-fenêtre pour descendre sur la terrasse puis sur les allées du jardin, franchit le portail et serpente sur les routes, graviers et asphalte, couvre les prés, les rochers, les sables, et même la mer jusqu'à l'horizon.

 Le fleuve de sang inonde le champ d'ocre qui sinue parmi les steppes de miel coulant sur les taches de mélèzes et les flaques d'été grandissent au milieu des raisins qui brûlent en bordure du désert de neige tandis que la toundra de charbon fleurit jusqu'à l'esplanade de cendres dont la marge d'écorces envahit la plage.

 Ou bien le champ de tournesols longe la steppe de mousse et les taches de geais caressent les flaques de gentianes en bordure du désert des lys qui s'étend jusqu'à la toundra des orages inondant l'esplanade de mercure en marge de la plage des fourrures sinuant parmi les fleuves de braise.

 Ou encore la steppe des pervenches caresse les taches de glycines qui s'étendent jusqu'aux flaques de givre dans les déserts des gouffres et les toundras des fumées sur l'esplanade aux fourrés inondant les marges de laves et sinuant parmi les plages d'automne.

 Et voici que la tache de lait coule sur les flaques de suie dans le désert d'ardoise et la toundra des montagnes qui grandissent au milieu des esplanades de géraniums brûlant en marge des plages de bourgeons le long des fleuves de pollen.

 Regardez la flaque d'ombre grandir au milieu du désert des plumages parsemé de toundras à cardinaux qui brûlent en bordure de l'esplanade aux renards en marge de la plage de soufre au long des fleuves d'herbes et d'yeux.

 Et maintenant le désert de brique brûle au milieu des toundras de mimosas qui fleurissent jusqu'aux esplanades d'algues et de nuit dans les marges de hêtres et les plages de l'hiver au long des fleuves de jais et des champs de nuages.

 Tout recommence car la toundra au printemps fleurit en bordure des esplanades à poissons et oursins qui envahissent les marges d'écume et d'encre autour des plages de silex et de sciure le long des fleuves d'aurore et de papillons qui caressent les champs d'huile et les steppes de lianes dans les éclaircies entre les dahlias et la lune.

 Attention ! l'esplanade aux cassis envahit les marges de laine autour des plages de jacarandas qui longent les fleuves de perle et d'écaille avec leurs champs de garance et glaïeuls entourés par les steppes à cheveux et phosphores parsemées de taches de lin et de flaques de quetsches devant les déserts de laine et d'obsidienne.

 Écoutez la marge des ténèbres caresser la plage de soie le long du fleuve de terre qui s'étend jusqu'aux champs de minium et aux steppes de rouille pour inonder de ses taches de moissons et de ses flaques de moutarde les déserts de curaçao et d'amarante jusqu'aux toundras de nacre.

 Et même la plage des épaves sinue le long du fleuve de vin et des champs d'acajou qui coulent sur les steppes de flammes avec leurs taches de crépuscule grandissant au milieu des flaques d'indigo et d'iris qui parsèment les déserts d'ivoire brûlant en bordure des toundras de truffes et de poussière jusqu'aux esplanades de ronces.

 Alors la surface de la peinture germe en espace où ramper d'abord, puis nager et se redresser, respirer, marcher, s'éveiller en ouvrant de nouvelles paupières pour voir au delà de la vue.

Sommaire n°19 :

LE PILIER DU SEUIL
LES ÉCHOS DE METZ
LES ÉCHOS DE METZ (deuxième version)
SPÉCIAL ÉCLIPSE
BIENVENUE AU VILLAGE
A PERTE DE VUE