Poésie au jour le jour 22
(enregistré en mai-juin 2013)
Tu parcours les forêts du monde entier
pour cueillir les rumeurs des ramures
transcrire les vocalises des merles
enregistrer les ruissellements d’orDe l’Ardenne à l’Amazonie profonde
de l’île de Vancouver au Japon
de Fontainebleau jusqu’au Zimbabwe
tu tisses les répons des AntipodesEt quand tu descends de l’aéroport
fourbu pour frapper chez le roi pêcheur
tu déploies sous les voûtes en ogives
un arc-en-ciel d’échos de longitudesDes réverbérations de solitudes
avec répercussions de lassitudes
en des enlacements de latitudes
pour que se réveille l’oracle ancien
L’univers se sentait emprisonné par la vitesse de la lumière que rien en lui n’avait le droit de dépasser. Rassemblant brusquement toutes nos amertumes il lança des escadrons de particules musiciennes à l’assaut des remparts qui s’écroulèrent comme ceux de Jéricho jadis. A travers les fissures nous nous faufilerons pour explorer enfin à loisir les galaxies lointaines.
Petit messager des Indes
prince mage musicien
débarqué dans notre écoute
à travers sangs et maréesLes grands rires des bourrasques
dans les orgues des forêts
changent feuilles en monnaies
pleuvant de prospéritésBraise et cuivres des érables
vignes vierges cerisiers
célèbrent le crépuscule
d’un millénaire agitéLes pelages des marais
frémiront sous les averses
la boue des champs moissonnés
durcira sous la froidureDans la nacre de l’hiver
neige et grésil perleront
pendant tes premiers arpèges
sur le sitar de ta voixPuis ce seront les bourgeons
qui perceront sur les branches
en dégageant des parfums
rappelant l’Extrême-OrientRavi par le croisement
des continents égrenés
apporte en notre Occident
des effluves de sagesse
pour la réconciliation
des cultures et des âges
Quand nous voyageons ensemble
à travers les continents
changeant de fuseaux horaires
comme de slip ou chemiseAlors que je vais devant
portant les vestes et sacs
entraîné par ma passion
de chercher dans les recoinsToujours fouillant dans les nues
les murailles ou gravats
pour la phrase qui manquait
aux prochaines conférencesTu retardes mon allure
pour cadrer quelque aventure
pour capter quelque figure
dans ton piège à souvenirsQuand nous sommes de retour
dans notre écart savoyard
toute ta moisson d’images
nous défile entre les doigtsLes paupières du déclic
conservent dans leur sourire
la fraîcheur que la fatigue
nous avait fait oublierEt c’est un nouveau voyage
avec tes yeux cette fois
le temps tel qu’il s’écoulait
dans ton coeur et dans tes pas
Marie-Jo est née le 27 mai 1932 à Roanne dans le Massif Central. Je l'ai rencontrée en 1956-57 à Genève lorsque j'étais professeur à l'Ecole Internationale. Nous nous sommes mariés le 22 août 1958 à Saint-Etienne. Elle aimait bien faire des photos de famille, en particulier de nos quatre filles : Cécile, Agnès, Irène et Mathilde.Au printemps 1989, j'ai été professeur invité dans une université de Tokyo. Nos amis nous ont offert des appareils de meilleure qualité et des pellicules en quantité. Le Japon est une terre bénie pour les photographes. Tout le monde s'y photographie tout le temps. Donc pas la moindre gêne. Au retour, en examinant les centaines de clichés, j'ai trouvé qu'il y en avait d'excellents. Nous les avons fait agrandir, et j'ai décidé de leur ajouter à la main une légende un peu développée. C'est notre formule. Elle est ainsi devenue mon oeil enregistreur pendant nos voyages. Parfois je lui indiquais tel détail ou tel site et cela produisait le déclic, mais c'était de plus en plus rare. A la maison nous récapitulions ensemble le voyage, découvrant avec émerveillement ce que nous avions seulement aperçu sans véritablement le voir.
Elle s'intéressait surtout aux enfants qu'elle prenait en quelque sorte au vol, mais tout lui était bon. Il s'agissait pour elle d'engranger ce qui passait trop vite, ce qu'elle n'aurait pas le loisir de revenir étudier davantage, la prise du cliché étant une semence qui se développerait plus tard. Elle utilisait toujours la couleur et l'argentique, trouvant le numérique trop lent à répondre; mais la technique progressant, cela aurait pu changer.
Sa première exposition a eu lieu au musée de la photographie à Mougins en 2001 sous le titre « Courir le Monde »; d'autres l'ont prolongée dans la mesure de ses disponibilités. Elle nous a quittés le 30 octobre 2010.
Michel Butor
Brusquement les fleurs s’épanouissent
étincelles sur étamines
ranimant un siècle endormiAu loin des galeries de braises
dans un labyrinthe d’épines
les montagnes clignent des yeuxTandis qu’au fort du crépuscule
cendres se changent en parfums
1
L’artichautCelui qui, après avoir consommé la base des feuilles, avant de se régaler avec l’involucre (ou le fond), élimine avec difficulté et même agacement le foin, ignore souvent que celui-ci, la plante épargnée, se serait développé en multiples fleurs serrées d’un bleu céleste tirant vers le soir, royal trésor gardé par les hallebardes des feuilles. Or cette connaissance, indépendamment de toutes les sauces, est un incomparable condiment pour apprécier à plein sa saveur, en tirer l’exquise moralité.
2
L’aspergeElle cherche obstinément la lumière dans les caves où nous la confinons pour lui garder sa blancheur et délicatesse. Elle fore aveuglément le monticule, cette motte féminine dont on la couvre pour l’obliger à se gonfler, se dresser, s’élancer, se multiplier. Ramassant toute la sève de ses racines, traduisant ainsi les discours obscurs de la terre qui se perpétuent longuement dans la confusion, elle jaillit en déclarations irisées dont le parfum subsistera à travers nos corps jusqu’à ce que, fontaines, nous irriguions à notre tour les plus jeunes pousses blotties dans leur nuit tiède.
3
Le champignon de ParisCueilli comme une fleur, il faut le retourner pour en apercevoir les pétales semblables aux pales d’une turbine, frileusement enveloppés dans leur casque de cuir fauve clair. Dans le pré, sur le talus, ce sont comme les rouages ou les boutons qui permettraient de régler la croissance des herbes ou des arbres, d’en diriger les branches, d’en décider les bourgeons. Mais surtout ce sont des capteurs de fumets, concentrant tous les messages olfactifs des lièvres ou des chevreuils, des fourmis même, pour les restituer sous les couvercles des marmites avec l’accompagnement de vins sombres.
4
La grenadeUne poignée de grenats astringents dans leur bourse de pourpre durcie avec des cloisons jaune paille pour en diviser les compartiments. Et si je presse ma main suffisamment fort pour les broyer, mais il faut être quelque Hercule, j’en fais suinter un sang clair comme celui qui doit circuler dans les artères des anges, un élixir qui nous rend une jeunesse hantée d’arcades, d’inscriptions fleuries et piscines, lions et myrtes, ambassadeurs amoureux, haquenées et oliphants, croisières et croisades parmi les dunes de la mer et les versets du vent sur les oasis.
5
La figueMajestueusement assise comme une odalisque ou même la sultane favorite sur ses coussins, elle nous autorise à déployer les tentures de son ventre pour y découvrir des bosquets de fibres palpitantes où vont tranquillement arrondir leur clairière et piscine ceux qui deviendront nouveau-nés. Dinarzade les prendra dans ses bras pour guérir définitivement le courroux de l’ancien despote, et les présenter à leur mère conteuse pour qu’elle continue de les nourrir avec le lait de ses histoires et les caresses de ses yeux.
6
Le radisImpossible de le considérer seul. Dès qu’il est arraché on en constitue des bottes, des ensembles végétaux plus consistants, comme de petits arbres mais dont les racines s’épanouissent en églantines brillant sous l’eau qui leur enlève toute trace d’humus et dégage les fines antennes qui fouillaient si loin dans les profondeurs. Petits soldats en bivouac dans le ravier, nous les saisirons entre le pouce et l’index pour les givrer d’un peu de sel et les faire craquer sous nos dents d’ogres négligemment comme si toutes les armées du monde étaient à notre merci, comme si le sacrifice de toute cette adolescence menue pouvait nous rendre le rire et la paix. Comprenant peu à peu que nous nous dévorons nous-mêmes en effigie dans le miroir du potager.
7
Le maïsQuenouille pour filer nos jours, y égrener les chapelets de petites pierres qui nous feront retrouver le sentier perdu, la petite porte du jardin d’enfance, atteindre au château de la belle au bois dormant; torche pour en explorer les coursives, les escaliers, les souterrains, les embarcadères secrets, avec des oriflammes verts qui claquent au vent pour découvrir quelques instants les touffes de cheveux qui s’emmêlent et démêlent, s’enlacent et délacent, pour défaire cuirasses, carapaces et corsets, lever les masques; thyrses pour inviter à boire à la santé du voyageur de retour au pays, qui nous ramène des nouvelles d’arbres inouïs et d’astres nouveaux.
8
Le melonSerpent ramifié qui s’évente en rampant, se soulevant sur ses coudes arrondis, s’escaladant lui-même comme s’il devenait élément de vague se reprenant en marée, se rêvant cétacé sur quelque océan, poussant des vrilles comme des jets de vapeur, infatigablement nonchalant et nostalgique, concentrant toute l’eau qu’il peut recueillir sur la sécheresse du sol tanné de soleil, l’eau venue à travers nuages et arrosages depuis cette étendue nourricière abandonnée par de lointains ancêtres inconscients, mais pour en transmuer le sel, pour la restituer en énormes larmes de miel que le père de famille selon Bernardin de Saint-Pierre distribuera en quartiers de lune à ses enfants assoiffés par le sirocco.
9
La fleur de courgeDans presque toutes les espèces comestibles la graine fécondée attend la chute des pétales, termine son adieu à la fleur avant d’entreprendre sa croissance vers la fertilité, l’excellence gustative qui fera des hommes les serviteurs de leur perpétuation. Mais ici les deux stades cohabitent dans un moment d’excellence. Le citronnier adulte et vigoureux porte ainsi sur les mêmes rameaux fleurs et fruits toute l’année, ce qui donnait à nos ancêtres maniéristes quand ils le découvraient dans ses caisses transportées avec précautions de l’autre côté de la mer, l’impression de vivre dans un clin d’oeil toutes les saisons à la fois, d’enlever au vieux temps sa faux, de retourner son sablier, d’adopter ses ailes, de jeter un regard furtif de l’autre côté de la sphère des étoiles fixes.
10
La grappe de raisinChoyant leurs pépins d’espérance à l’intérieur de leur ambre liquide, grains de santé, billes de beauté, ils se précipitent chacun au bout de sa ramification pour se suspendre sans tomber comme des sauteurs à l’élastique, couvant chacun sa bulle plus ou moins lumineuse qui fermentera dans les chais pour nous apporter soulagement et divination. Quant aux feuilles elles se balancent en évoquant de souples corps invisibles se déployant autour de sexes à dévêtir, quelques boucles de poils jaillissant comme un peu d’écume de la mer, un peu de salive lubrifiant les baisers, quelque toast avant la cueillette minutieuse des saveurs.
L’exaspération des faubourgs
traîne dans les supermarchés
sous les tabliers d’autoroutes
sur les ponts enjambant les gares
de triage où les vieux wagons
entrechoquent leurs explosifs
tandis que trains à deux étages
dégorgent foules harasséesLa télé nous montre les bourses
qui grimpent et redégringolent
entrelardant les feuilletons
et l’on voit s’amasser fortunes
pour quelques uns mais pas pour nous
sauf si l’on devient des vedettes
dans les projecteurs tournoyant
à travers la fumée des droguesTransformer la rage en syllabes
apprivoiser la mort qui rôde
dans nos couteaux et nos seringues
bazookas et kalachnikovs
que nous présentent les infos
dompter le fauve qui nous hante
dans une grille qui transforme
en moire nos sombres rayuresArracher aux marteaux-piqueurs
les décibels qu’ils nous assènent
pour forer dans les coffres-forts
de béton où l’on nous enferme
le souterrain libérateur
qui nous fasse accéder enfin
aux champs de neige aux longues plages
où surfer l’alcool de l’amour
ÉCHANGES
DE BONS PROCÉDÉS
pour réussir la passation de siècle
Que me proposes-tu contre mes flammes ?
Du bois pour les faire durer.
Contre ma faim ?
Un quignon de pain, des olives et du fromage de chèvre.
Contre ma soif ?
Une vigne, un pressoir, une cave et des années.
Contre mes douleurs ?
Des mains d’accoucheur.
Contre ma fatigue ?
Une lucarne pour l’astronautique.Que m’accorderas-tu en retour de ma patience ?
L’art de moduler la vitesse du temps.
En retour de mon attention ?
Des oreilles d’accordeur.
En retour de mes yeux ?
D’autres qui perçoivent l’infra-rouge et l’ultra-violet
En retour de mes livres ?
Un château volant.
En retour de mes dollars ?
Leur destruction.Que me confieras-tu pour prix de mes ouvrages ?
Les vagues d’une mer australe pour les rouler en douceur.
De mes cartes postales ?
Un papillon chanteur.
Pour prix de ma voix ?
L’écho des cavernes
Pour prix de mon silence ?
Le murmure des âges.
Pour celui de mon sang ?
Le chemin des secours.Que m’enseigneras-tu si je t’ouvre mon coeur ?
Le battement du mien.
Si je t’inonde de ma sueur ?
La roue des saisons.
Si je te sacrifie mes jours ?
Des nuits pour les remémorer
Si je te harcèle de mes angoisses ?
L’art de te métamorphoser.
Si je te livre mes secrets ?
Des maladresses heureuses.Que m’inventeras-tu si je te donne mon aide ?
Le besoin de la mienne.
Ma parole ?
Des perspectives de questions à l’infini.
Mes clefs ?
La soie des voyages, l’énigme du retour, le clavier des hésitations.
Mon hospitalité ?
Un arc-en-ciel d’encres.
Mes échecs ?
Le jeu des dieux.
1
Légende d’erreurs en erreurs malgré moi
honteux j’étouffais aveugle
sur le quai au débarcadère par chance
déconcertante Dionyza de Rédange
hôtesse luxe désir
des caravanes tes bas joli temps
tes consolations tes sandales m’ont conquis
pavane caravelle presse-moi !
alcôve maîtresse aie pitié !
découvrir nous renverser s’évanouir2
Légende audacieuse malgré moi
épave je râlais poings rongés
mais au puits brusquement
espiègle Lychorida de Russange
acrobate luxe fée
des rumeurs tes bas tes signes
tes encouragements ton corsage m’ont invité
biche datura serre-moi !
jaillissement maîtresse hâte-toi !
secrètement nous renverser explorer3
Légende inventive malgré moi
honteux je m’engloutissais poings rongés
sur le quai près de la source brusquement
ardente Juliette de Rumelange
brodeuse luxe or
vois tes bas tes improvisations
ta chaleur ta justesse m’ont réconforté
m’ont redressé forge seuil
alcôve maîtresse hâte-toi !
découvrir nous renverser explorer
4
Courage ! dans mes désastres ou mes intrigues
démon je grimaçais grinçant
tu parais au bistrot taciturne
voluptueuse Phrynia d’Ottange
institutrice lune des gouffres
je le jure tes détours tes accents
tes boucles joie ! m’ont fouetté
creuset des myrtes mimosa
ah ! maîtresse dévêts-toi !
baise-moi ! nous renverser longuement
5
Légende innocente en mes intrigues
vieilli je me perdais replié
sur le quai près de la barrière taciturne
fabuleuse Rosalinde de Tressange
institutrice délice or
je le jure tourbillonnante tes improvisations
tes boucles m’ont atteint m’ont réconforté
tes jambes empiégé ambre
ah ! maîtresse hâte-toi !
baise-moi ! nous renverser explorer
6
Lyre pure dans mes noirceurs
rebut je me droguais enragé
possédé à la douane suave
majestueuse Diana de Ludelange
joaillière compagne des louves
des âges ingénieuse m’en veux-tu ?
tes réparties tes élans ton sourire
m’ont retourné séduit lilas
détends-toi maîtresse baise-moi !
disparaître nous renverser nous éterniser
7
En vain savante quel cauchemar !
rebut je me meurtrissais replié
sur le quai près du supermarché suave
fabuleuse Violenta d’Havange
joaillière clef or
des âges et des marbres tes improvisations
tes réponses ta robe m’ont réconforté
bouclier saule allonge-toi !
ah ! maîtresse baise-moi !
baise-moi ! nous renverser nous éterniser
8
Mais non ! savante dans mes tempêtes
quelle angoisse ! je virais méconnaissable
déchiqueté dans l’église soudain
fantasque Marina d’Algrange
devineresse clef muse
des flots et marbres tes rhapsodies
tes mouvements ta robe m’ont bouleversé
m’ont décanté sel des passages
cygne maîtresse penche-toi !
déguster nous renverser à ta santé
9
Mais non ! savante quel cauchemar !
impatient je désespérais je me fuyais
sur le quai près de l’entrepôt soudain
lascive Timandra de Kusstange
fraîche clef vin
des cèdres et marbres tes tempes
ta sincérité ta robe élégante
m’ont vivifié libéré colombe
ah ! maîtresse penche-toi !
baise-moi ! nous renverser à ta santé
10
Fleuris ! multiple en dépit de tout
désorienté je désespérais je me salissais
enfin sur le parking tes éclats
onduleuse Ophélie de Nilvange
fraîche énigme vin
des trésors des écumes tes guirlandes
ta chevelure délicieusement m’ont enveloppé
nacre narcisse basilic
si douce maîtresse prépare-toi
savoir nous renverser à jamais
11
Dans ma misère dame exauce-moi !
sale je désespérais damné
sordide à la gare peu à peu
blanche Adriana d’Hayange
fraîche résurgence vin
des trésors admirables tes tempes
ta chevelure ta taille ton élégance
m’ont circonvenu m’ont désaltéré pourquoi crains-tu ?
si douce maîtresse penche-toi
savoir nous renverser à ta santé
12
Amour ! dame dans ma caverne
pestiféré je haletais infâme
dans les galeries ce matin ô
ton humeur Béatrice de Beuvange
fraîche gloire vin
des trésors unique tes tempes
tes ondulations ta poitrine ta peau
m’ont délivré nourri où m’entraînes-tu ?
fondre quel repos ! accueille-moi
chèvrefeuille plonger et partir
13Aime-moi ! dame dans mes incendies
je sombrais je me lacérais stupide
bouleversement au concours silencieuse
ton humeur Viola de Dudelange
fraîche étoile vin
des trésors et des aventures tes tempes
tes ondulations tes talons ton élégance
m’ont circonvenu felouque où m’entraînes-tu ?
si douce je vacille accueille-moi !
savoir fouiller et partir
14
Pourquoi tarder ? dame dans mes déserts
pantelant je me lacérais j’appelais
l’heure a sonné à l’école toi
capiteuse Katherine de Vomesange
messagère orgueil des vitraillers
tu rougis sinueuse tes reflets
tes bras tes chevilles tes palpitations
m’ont poursuivi felouque torche
clavecins je vacille accepte !
rajeunir fouiller retrouver
15
Pourquoi tarder ? dame dans mes incendies
pantelant je me lacérais stupide
si belle au divertissement en un instant
capiteuse Cléopâtre de Molvange
messagère gardienne vin
des trésors et des confidences tes reflets
ton art tes peignes m’ont rajeuni
palme felouque autre délire
ivre je vacille lèche-moi !
creuser fouiller à bouche que veux-tu
16
Baise-moi oui ! jadis
dans mes tourbillons je roulais je me dévorais
cela s’est passé dans la forêt à l’improviste
fragile Imogène d’Escherange
couturière gardienne rose
des nuages et des confidences tes cavatines
ta franchise tes épingles m’ont transformé
paix dorade anguille
saveurs je frétille caresse-moi !
marque-moi ! appareiller et saisir
17
Pourquoi tarder ? dans mes hésitations jadis
pantelant je me détruisais je me dévorais
cela s’est passé au carrefour en un instant
patiente Virgilia d’Enfrange
messagère gardienne rose
des trésors et des confidences tes cavatines
joie tes bouquets m’ont interpellé
paix variété autre délire
saveurs je tangue lèche-moi !
marque-moi ! grésiller à bouche que veux-tu
18
Presse-moi ! dans mes hésitations dans mes repaires
assoiffé je me détruisais je m’enterrais
puis dans la jachère d’un seul coup
juvénile Tamora d’Oeutrange
messagère flambeau rose
bourgeon des bises tes trilles
ton franc-parler tes broches m’ont touché
tu faiblis ouragan pôle
cascade je tangue fleuris
gravir grésiller engendrer
19
Dévêts-toi ! dans mes hésitations dans mes imprécations
désoeuvré je me détruisais flottaison
sous le portail de la ferme par hasard
volubile Iris d’Imeldange
messagère cristal rose
bourgeon des ports tes cavatines
tes expressions ta patience m’ont rétabli
rossignol caille caresse-moi !
cascade je tangue lèche-moi !
gravir grésiller à bouche que veux-tu
20
Dévêts-toi ! dans ma lèpre dans mes imprécations
débris je m’effritais gourd
sanglant au concert heureusement
étrange Mariana d’Hettange
guérisseuse cristal vigne
des lointains et remparts tes élégies
élixir tes bagues m’ont excité
m’ont rassemblé je grandis miracle !
mai je tangue éveille-toi !
se taire grésiller à perte d’âme
21
Dévêts-toi lumineuse ! dans mes imprécations
désoeuvré je me desséchais gourd
sur l’escalier du tribunal heureusement
si tendre Cordelia de Lagrange
guérisseuse cristal rose
des faubourgs et des altitudes par bonheur
tes limpidités je me souviens ton rire
m’ont éclairé lac quel soulagement !
cascade je tangue éveille-toi !
gravir grésiller à perte d’âme
22
Prépare-toi ! je te veux dans mes fumées
torturé je me punissais hébété
dans un recoin du garage par bonheur
mignonne Desdémone d’Evrange
guérisseuse vertu rose
des faubourgs et des horizons par bonheur
tes ardeurs tes vocalises m’ont arraisonné
coquille écaille alléluia !
quelle récompense ! je tangue graine
frôler grésiller sans cesse
23
A ta santé tendre ! dans mes épreuves
je renonçais je suffoquais furieux
fou près de la pompe prudente
menue Célia de Frisange
guérisseuse aimée rose
des faubourgs hautbois par bonheur
tes ardeurs ton sexe ton rire
m’ont changé m’ont caressé inépuisable
quelle récompense ! je tangue éveille-toi !
frôler grésiller à perte d’âme
24
Merci merveilleuse ! dans mes labyrinthes
maudit je suffoquais je piétinais
magie au cimetière tes tresses
brune Jessica de Florange
moissonneuse cousine des canaux
n’en doute pas ! imaginative tes larmes
tes prévenances timide ta voix
m’ont guéri constellé encens
quelle récompense ! laurier éveille-toi !
frôler naître à perte d’âme
25
Approche exquise ! réprouvé
déchiré je suffoquais excommunié
trêve chez la fleuriste audacieuse
brune Maria de Bertrange
moissonneuse loi rose
n’en doute pas ! caravelle par bonheur
tes ardeurs tes paumes ta voix
m’ont changé m’ont foudroyé encens
quelle récompense ! je gémis éveille-toi !
frôler nager à perte d’âme
26
Interminablement délicate dans ma poix
déchiré je m’empêtrais excommunié
trêve chez le notaire audacieuse
précieuse Julia d’Ilange
courtisane impératrice des ruelles
des chuchotements incomparable tes remarques
ta gorge tes mains m’ont imprégné
m’ont réveillé sauvé et maintenant
oeillet baume brille !
embaumer écouter baiser
27
Aie pitié ! de crise en crise autrefois
déchiré je me consumais excommunié
trêve à l’hôtel audacieuse
précieuse Thaïsa de Stuckange
courtisane salut ! rose
n’en doute pas des vertiges tes remarques
tes ardeurs tes couronnes m’ont imprégné
m’ont changé barque et maintenant
filet je frémis viens !
embaumer respirer à perte d’âme
28
Il vente généreuse dans mes enfers
déchiré je me calcinais excommunié
trêve à l’auberge audacieuse
grave Elvira d’Uckange
dompteuse salut ! perle
des ravins il pleut tes airs
tes gentillesses tes colliers m’ont converti
m’ont enflammé bannière salut
festin ! je pointe allonge-toi !
m’asperger planter s’écouler
29
Il vente mon coeur autrefois
déchiré je blêmissais excommunié
trêve au retour audacieuse
élancée Rosaline de Guénange
jardinière salut des hirondelles
et des philosophes adorable tes mélodies
tes gentillesses tes hanches m’ont imprégné
m’ont enflammé conquis et maintenant
festin des bruyères viens
m’asperger m’emplir à perte d’âme
30
Vrai ! délabré dans mes forêts
douce je me souillais noir
immonde sur le zinc progressivement
grande Portia de Sérénange
baise-moi ! fille des rives
des philosophes vive tes mélodies
tes gentillesses ton nombril m’ont imprégné
m’ont blessé enchanté luth
fougère je souffre exauce-moi !
communiquer circuler encore
31
Vrai ! je m’enfermais autrefois
déchiré je me vautrais noir
trêve dans le grenier progressivement
élancée Cressida d’Erzange
baise-moi souveraine des hirondelles
des philosophes et des nuances tes mélodies
tes gentillesses tes voiles m’ont imprégné
m’ont blessé sable et maintenant
iris je distille pare-toi !
osciller mûrir déborder
32
Tu le sais je m’étranglais dans mes abîmes
épuisé je me vautrais larve
fauve dans le château grâce au Ciel !
mystérieuse Perdita d’Elzange
baise-moi ! parfum des hirondelles
des vergers et des phares tes regards
ta retenue tes fourrures m’ont ressuscité
herbe talisman fontaine
reliquaire je brûle étends-toi !
flairer çà et là exulter
33
Hâte-toi superbe ! dans mes taudis
épuisé je me vautrais noir
fauve dans le musée progressivement
rousse Isabella de Nettange
baise-moi étonnement des hirondelles
des philosophes et des usines tes regards
tes poignets lavandière tes nonchalances
m’ont blessé lavé fontaine
iris je défaille étends-toi !
osciller inonder exulter34
Tes lèvres légère ! dans mes tourments
pustuleux je délirais ruiné
tout a eu lieu dans le cellier irrésistiblement
noire Olivia d’Hettange
danseuse espoir des navigateurs
des mines et des usines tes faveurs
guitare lavandière pleurs de joie !
m’ont assaini chatouillé nasse
des accords et pensées détends-toi !
planer inonder et mourir
35
Hâte-toi belle ! dans mes tourments
épuisé je transpirais ruiné
fauve au beffroi irrésistiblement
noire Héléna d’Inglange
tes seins orient des soies
des mines et des usines tes regards
guitare lavandière tes nonchalances
m’ont saisi m’ont rafraîchi pourquoi tarder ?
essence je soupire écoute
planer inonder exulter36
Je me souviens belle dans mon malheur
sourd je grelottais fantôme
mais au théâtre naïve
mince Luciana de Rurange
si belle héritière des parvis
je me souviens suave tes sourcils
tes épaules tes ongles ton hâle
m’ont transpercé ensorcelé roman
essence miel écoute !
voler régner donner
37
Hâte-toi belle ! dans mon malheur
je m’enfonçais écoeuré abandonné
mais au cinéma irrésistiblement
mince Bianca de Gandrange
si belle amie des soies
je me souviens versatile tes regards
guitare tes fesses ton hâle
m’ont saisi m’ont ravi roman
essence je pâlis écoute !
interroger trébucher nous répandre38
Viens fraîche ! solitaire
dégoûté je blasphémais dans mes châteaux
mais sur le stade irrésistiblement
espiègle Hermia de Luttange
dentellière soeur des nymphes
merveilleuse mutine tes yeux
tes cuisses ta nuque ta démarche
m’ont saisi m’ont charmé roman
essence paradis écoute !
mordiller à loisir semer
39
Courage chère ! dans mes noirceurs
épave je languissais grinçant
mais à l’abbaye irrésistiblement
espiègle Miranda d’Hagondange
dentellière sultane des soies
je me souviens et détours tes yeux
guitare ton corsage ta démarche
m’ont saisi datura roman
essence des digitales écoute !
dormir plonger rêver40
Courage ! je périssais dans mes noirceurs
épave quel gâchis ! grinçant
dans mes naufrages près de la mine tes éclats
blonde Sylvia de Talange
cavalière duchesse des tournois
étoile des détours tes prunelles
ton menton ton corsage tes paroles
m’ont ranimé datura chut !
gentiane je tremble approche !
murmurer plonger balbutier
41
Courage audacieuse ! dans mes noirceurs
épave je râlais grinçant
mais dans la vallée tes éclats
espiègle Lychorida de Mondelange
acrobate lune fée
des rumeurs et détours tes signes
tes encouragements ton corsage m’ont invité
biche datura serre-moi !
jaillissement quel repos! dévêts-toi !
secrètement plonger longuement42
Courage ! d’erreurs en erreurs dans mes noirceurs
démon j’étouffais aveugle
tu parais sur le bastion par chance
déconcertante Dionysa de Clouange
hôtesse lune désir
des caravanes et détours joli temps
tes consolations tes sandales m’ont conquis
pavane caravelle presse-moi !
détends-toi quel repos ! aie pitié !
disparaître plonger s’évanouir
43
Courage ! dans mes désastres dans mes noirceurs
démon je grimaçais grinçant
tu parais dans la galerie tes éclats
voluptueuse Phrynia de Rosselange
devineresse lune des gouffres
des flots et détours tes accents
tes mouvements joie ! m’ont fouetté
creuset des myrtes mimosa
détends-toi ! quel repos ! dévêts-toi !
disparaître plonger longuement44
Lyre inventive malgré moi
honteux je m’engloutissais poings rongés
possédé à l’épicerie brusquement
ardente Juliette de Mégange
brodeuse luxe des louves
vois tes bas m’en veux-tu ?
ta chaleur ta justesse ton sourire
m’ont redressé forge seuil
alcôve quel repos ! prépare-toi !
découvrir plonger à jamais
45
Lyre pure dans mes noirceurs
quelle angoisse ! je me droguais enragé
possédé dans la clairière tes éclats
majestueuse Diana de Marange
devineresse compagne des louves
et des flots ingénieuse m’en veux-tu ?
tes mouvements tes élans ton sourire
m’ont retourné séduit lilas
détends-toi ! quel repos ! prépare-toi !
disparaître plonger à jamais46
Légende innocente ! en mes intrigues
vieilli je me perdais méconnaissable
déchiqueté sur le pont taciturne
fantasque Rosalinde de Silvange
institutrice délice muse
je le jure tourbillonnante tes rhapsodies
tes boucles m’ont atteint m’ont bouleversé
tes jambes empiégé ambre
cygne quel repos ! hâte-toi !
déguster plonger explorer
47
Fleuris multiple ! dans mes tempêtes
quelle angoisse ! je virais méconnaissable
déchiqueté au carrefour tes éclats
fantasque Marina d’Éblange
devineresse énigme muse
des flots et des écumes tes rhapsodies
tes mouvements délicieusement m’ont bouleversé
m’ont décanté sel des passages
cygne quel repos ! prépare-toi !
déguster plonger à jamais48
En vain multiple en dépit de tout
rebut je me meurtrissais replié
enfin dans l’atelier suave
fabuleuse Violenta de Piblange
joaillière énigme or
des âges délicieusement tu m’as réconforté
bouclier saule allonge-toi
fondre quel repos ! baise-moi
chèvrefeuille plonger nous éterniser
Que vas-tu nous apporter
nouvelle année qui commences
avec ton numéro un
fiché en plein dans l’entrée
tel poteau indicateur
précisant les directions
que peut prendre l’autobus
où nous sommes embarqués
bon gré mal gré sans savoir
ce que valent conducteurs ?Les combats cesseront-ils
dans la région où jadis
au-dessus d’une humble étable
les anges dans leurs cantiques
prophétisaient la paix aux
gens de bonne volonté
et en dépit du massacre
des innocents les trois rois
venaient offrir à l’enfant
la myrrhe l’or et l’encens ?Que vas-tu nous apporter
nouveau siècle qui nous caches
ton chiffre sous deux zéros
qui sont comme des jumelles
pour scruter dans la tempête
les écueils et les refuges
les médecins sauront-ils
trouver une eau de jouvence
pour que les générations
se multiplient sous nos yeux ?Une autre évaluation
des mérites et vitesses
une autre idée de croissance
où le bonheur soit premier
une distinction des langues
dans la Babel transparente
une différenciation
intégrant non seulement
les races mais les espèces
un arc-en-ciel d’excellences ?Que vas-tu nous apporter
millénaire qui camoufles
ton chiffre trois sous le deux
derrière qui vont germer
les un les deux et les trois
ainsi jusqu’au triple neuf
et nouveau triple zéro
le voyage vers des terres
aux natures surprenantes
et des peuples fascinants ?De nouvelles théories
changeant notre solitude
en généalogies douces
et en éclaircissements
d’avenirs délibérés
multiplication des sens
aux approches du silence
degrés de l’obscurité
les gammes du presque rien
en délicatesse immenseAu dernier jour de l’année
la dernière année du siècle
dernier siècle des mille ans
et le dernier millénaire
d’une ère beaucoup plus floue
j’attendrai les douze coups
pour signer ce passeport
ça y est tout a basculé
dans l’un sésame qui ouvre
le vingt-et-un et le trois
Ce sont nos soucis : crépuscules gris, volcans sombres.
Un peu de pollen par ici, un peu de cendre par là.C'est le temps qui passe : tables blanches, sels d'or, horloge d'argent.
Un peu de café par ici, un peu de crème par là.Ce sont nos ennuis : sombres roseaux, lilas clairs.
Un peu d'ardoise par ici, un peu de tuile par là.Ce sont nos rêves : voiles violets, velours bleus, dentelles vertes, perles jaunes.
Un peu de soir par ici, un peu de source par là.Ce sont nos talismans : adjectifs jaunes, conjonctions oranges, ombres rouges, phrases violettes.
Un peu de parfum par ici, un peu de comète par là.
1
Amour oui ! dans ma caverne
pestiféré je haletais infâme
dans les galeries ce matin ô
fragile Eufrasia d’Abadia
couturière gloire des vitraillers
tu rougis unique tes trilles
tes bras ta poitrine ta peau
m’ont délivré nourri torche
foudre quel repos ! accepte
chèvrefeuille plonger retrouver2
Dans ma misère oui ! exauce-moi
sale je désespérais damné
sordide pendant l’orage peu à peu
blanche Teodora m’en veux-tu ?
couturière résurgence des vitraillers
tu rougis admirable tes trilles
ta chevelure ta taille tes palpitations
m’ont poursuivi désaltéré pourquoi crains-tu ?
clavecins maîtresse penche-toi
rajeunir nous renverser à ta santé
3
Baise-moi oui ! dans mes déserts
dans mes tourbillons je roulais j’appelais
l’heure a sonné à la chasse toi
fragile Eugenia m’en veux-tu ?
couturière orgueil des vitraillers
tu rougis sinueuse tes trilles
tes bras tes chevilles tes palpitations
m’ont poursuivi dorade torche
clavecins je frétille accepte
rajeunir appareiller retrouver4
Aime-moi oui ! dans mes repaires
je sombrais je roulais je m’enterrais
bouleversement au concours silencieuse
ton humeur Inès d’Abamia
fraîche étoile vigne
des nuages et des aventures tes tempes
tes ondulations tes talons élégante
m’ont circonvenu dorade où m’entraînes-tu ?
si douce je frétille accueille-moi
savoir appareiller et partir
5
Baise-moi oui ! dans mes repaires
dans mes tourbillons je roulais je m’enterrais
puis au parc à l’improviste
fragile Costanza d’El Abrigo
couturière flambeau vigne
des nuages et des bises tes trilles
ta franchise tes épingles m’ont transformé
tu faiblis dorade anguille
mai je frétille caresse-moi
se taire appareiller et saisir6
Presse-moi Dame ! dans mes incendies
assoiffé je me lacérais stupide
si belle au divertissement d’un seul coup
capiteuse Casilda miroir
dompteuse flambeau vin
des lointains et des bises tes reflets
ton art tes peignes m’ont rajeuni
palme felouque pôle
ivre je vacille fleuris
creuser fouiller engendrer
7
Presse-moi ! dans ma lèpre dans mes repaires
assoiffé je m’effritais je m’enterrais
puis au concert d’un seul coup
juvénile Belisa gothique
dompteuse flambeau vigne
des lointains et des bises tes trilles
ton franc-parler tes broches m’ont touché
tu faiblis ouragan pôle
mai laurier fleuris
se taire naître engendrer8
Pourquoi tarder ? dans ma lèpre jadis
pantelant je m’effritais je me dévorais
cela s’est passé au concert en un instant
patiente Marcela d’Acibeiro
dompteuse gardienne vigne
des trésors et des confidences tes élégies
joie ! tes bouquets m’ont interpellé
paix variété autre délire
saveurs laurier graine
marque-moi naître sans cesse
9
Prépare-toi ! dans ma lèpre dans mes fumées
débris je m’effritais hébété
sanglant au concert par bonheur
étrange Pascuala d’Adanero
dompteuse vertu vigne
des lointains et remparts tes élégies
élixir tes bagues m’ont excité
m’ont rassemblé je grandis miracle
mai laurier graine
se taire naître sans cesse1O
Prépare-toi ! dans mes hésitations dans mes fumées
torturé je me détruisais flottaison
sur la terrasse au carrefour par hasard
volubile Laurencia d’Adeje
messagère vertu des canaux
bourgeon des ports tes cavatines
tes expressions ta patience m’ont rétabli
rossignol caille caresse-moi
oeillet laurier lèche-moi
communiquer naître à bouche que veux-tu
11
Prépare-toi ! je te veux dans mes fumées
torturé je me punissais hébété
sur la terrasse au théâtre par bonheur
mignonne Isabela hourrah !
dompteuse vertu des canaux
des chuchotements et des horizons tes larmes
tes prévenances tes vocalises m’ont arraisonné
coquille écaille alléluia !
oeillet laurier graine
communiquer naître sans cesse12
Dévêts-toi lumineuse ! dans mes imprécations
désoeuvré je me desséchais gourd
sur la plage au théâtre heureusement
si tendre Lambra ma vie
dompteuse cristal des canaux
des chuchotements et des altitudes tes larmes
tes limpidités je me souviens m’ont converti
m’ont éclairé lac quel soulagement !
cascade laurier brille
gravir naître baiser
13
Merci merveilleuse ! dans mes labyrinthes
maudit je m’empêtrais je me piétinais
magie au théâtre tes tresses
grave Sancha d’Ademuz
dompteuse cousine des canaux
des chuchotements imaginative tes larmes
tes prévenances timide m’ont converti
m’ont guéri constellé salut !
oeillet laurier brille
communiquer naître baiser14
A ta santé tendre ! dans mes épreuves
je renonçais je m’empêtrais furieux
fou au bosquet prudente
menue Clara merci !
guérisseuse aimée des ruelles
des faubourgs hautbois tes airs
ta gorge ton sexe ton rire
m’ont réveillé m’ont caressé inépuisable
oeillet je tangue brille
communiquer grésiller baiser
15
Interminablement délicate dans ma poix
douce je m’empêtrais je me fuyais
immonde au clair de Lune soudain
grave Nise merci !
dompteuse impératrice des ruelles
des chuchotements incomparable tes airs
ta gorge tes mains m’ont converti
m’ont réveillé sauvé salut !
oeillet baume brille
communiquer écoute baiser16
Approche exquise ! réprouvé
douce je suffoquais je me fuyais
immonde au crépuscule soudain
brune Celia d’Adra
moissonneuse loi perle
des ravins caravelle par bonheur
tes gentillesses tes paumes ta voix
m’ont vivifié foudroyé encens
quelle récompense ! je gémis éveille-toi
frôler nager s’écoulerII
17
Vrai ! généreuse dans mes enfers
douce je me calcinais je me fuyais
immonde au palais soudain
grave Finea d’Agreda
dompteuse fille perle
des ravins il pleut tes airs
tes gentillesses tes colliers m’ont converti
m’ont vivifié bannière salut !
fougère je pointe allonge-toi
communiquer planter s’écouler18
Aie pitié ! de crise en crise dans mes forêts
douce je me consumais je me fuyais
immonde sur le quai soudain
précieuse Diana d’Aguadulce
courtisane fille rose
n’en doute pas ! des vertiges tes remarques
tes ardeurs tes couronnes m’ont imprégné
m’ont changé barque luth
filet je frémis exauce-moi
embaumer respirer encore
19
Vrai ! délabré dans mes forêts
douce je me souillais je me fuyais
immonde à la promenade soudain
grande Dorotea d’Aguas de Ribas
devineresse fille des rives
des cèdres vive tes mélodies
tes gentillesses ton nombril m’ont imprégné
m’ont vivifié enchanté luth
fougère je souffre exauce-moi
communiquer circuler encore20
Il vente mon coeur autrefois
déchiré je blêmissais excommunié
trêve au retour audacieuse
élancée Anarda bravo !
jardinière salut ! muse
des cèdres adorable tes mélodies
tes gentillesses tes hanches m’ont imprégné
m’ont enflammé conquis et maintenant
festin des bruyères viens
m’asperger m’emplir à perte d’âme
21
Vrai ! je m’enfermais autrefois
déchiré je virais je me fuyais
trêve dans la clairière soudain
élancée Lisarda d’Aguilar de Anguita
devineresse souveraine muse
des cèdres et des nuances tes mélodies
tes gentillesses tes voiles m’ont imprégné
m’ont vivifié sable et maintenant
ah ! je distille pare-toi
baise-moi mûrir déborder22
Tu le sais je m’étranglais dans mes abîmes
impatient je virais larve
sur le quai dans la clairière grâce au Ciel !
mystérieuse Elvira d’Aguilar de Campoo
devineresse parfum muse
des vergers et des phares tes rhapsodies
ta retenue tes fourrures m’ont ressuscité
herbe talisman colombe
reliquaire je brûle détends-toi
flairer çà et là et mourir
23
Mais non ! savante quel cauchemar !
impatient je virais je me fuyais
sur le quai dans la clairière soudain
lascive Juana d’Aguilar de la Frontera
devineresse clef muse
des cèdres et marbres tes rhapsodies
ta sincérité ta robe m’ont bouleversé
m’ont vivifié libéré colombe
ah ! pensée détends-toi
baise-moi régner et mourir24
Fleuris multiple ! en dépit de tout
désorienté je virais je me salissais
enfin dans la clairière tes éclats
onduleuse Leonor d’Aguilas
devineresse énigme muse
des flots et des écumes tes guirlandes
tes mouvements délicieusement m’ont enveloppé
nacre narcisse basilic
cygne pensée prépare-toi
déguster régner à jamais
25
Tes lèvres légère ! dans mes tempêtes
quelle angoisse ! je virais méconnaissable
déchiqueté dans la clairière naïve
fantasque Feliciana dans ma misère
devineresse espoir muse
des flots suave tes rhapsodies
tes mouvements tes ongles m’ont bouleversé
m’ont décanté sel des passages
cygne pensée détends-toi
déguster régner et mourir26
En vain légère solitaire
rebut je me meurtrissais replié
tout a eu lieu à l’entracte suave
fabuleuse Eurydice d’Agüimes
joaillière espoir or
des âges suave tes improvisations
tes réparties tes ongles m’ont réconforté
bouclier saule allonge-toi
accords pensées baise-moi
voler régner s’éterniser
27
Tes lèvres légère solitaire
pustuleux je délirais fantôme
tout a eu lieu au spectacle naïve
blonde Phyllide d’Agüero
danseuse espoir des navigateurs
merveilleuse suave tes faveurs
tes épaules tes ongles pleurs de joie !
m’ont assaini chatouillé nasse
des accords et pensées détends-toi
voler régner et mourir28
Je me souviens superbe dans mes taudis
sourd je me vautrais noir
dans mes naufrages sur la place progressivement
rousse Dantea des pressentiments
baise-moi ! étonnement des hirondelles
et des philosophes suave tes sourcils
tes poignets tes ongles tes paroles
m’ont blessé lavé fontaine
iris je défaille étends-toi
osciller régner donner
29
Je me souviens fraîche solitaire
sourd je grelottais fantôme
dans mes naufrages à l’aube naïve
blonde Tirsi d’Albar
cavalière héritière du parvis
merveilleuse suave tes sourcils
tes épaules tes ongles tes paroles
m’ont transpercé ensorcelé chut !
gentiane miel approche
voler régner donner3O
Viens fraîche ! dans mes tourments
épuisé je transpirais ruiné
fauve à l’aurore par chance
noire Fabia si tendre
tes seins orient des nymphes
des mines et des usines tes prunelles
tes cuisses lavandière tes nonchalances
m’ont ranimé m’ont rafraîchi pourquoi tarder ?
gentiane je soupire approche
planer inonder exulter
31
Viens fraîche ! solitaire
dégoûté je blasphémais dans mes châteaux
dans mes naufrages à la procession par chance
blonde Ana de La Ainsa
cavalière soeur des nymphes
merveilleuse mutine tes prunelles
tes cuisses ta nuque tes paroles
m’ont ranimé m’ont charmé chut !
gentiane paradis approche
mordiller à loisir semer32
Hâte-toi belle ! dans mon malheur
je m’enfonçais écoeuré abandonné
dans mes naufrages à la fête par chance
mince Cintia d’Ajo
si belle amie des tournois
étoile versatile tes regards
ton menton tes fesses ton hâle
m’ont ranimé m’ont ravi chut !
gentiane je pâlis approche
interroger trébucher nous répandreIII
33
Légende je périssais malgré moi
honteux quel gâchis ! aveugle
dans mes naufrages cette nuit par chance
blonde Casandra d’Ajofrin
cavalière duchesse des tournois
étoile tes bas tes prunelles
ton menton tes sandales tes paroles
m’ont ranimé caravelle chut !
gentiane je tremble approche
murmurer nous renverser balbutier34
Légende chère ! malgré moi
honteux je languissais aveugle
sordide ce soir irrésistiblement
déconcertante Lucrecia d’Alacuàs
dentellière sultane des soies
je me souviens tes bas tes yeux
guitare tes sandales ta démarche
m’ont saisi caravelle roman
essence des digitales écoute
dormir nous renverser rêver
35
Légende d’erreurs en erreurs malgré moi
honteux j’étouffais aveugle
sordide au débarcadère par chance
déconcertante Aurora d’Alaejos
hôtesse luxe désir
des caravanes tes bas joli temps
tes consolations tes sandales m’ont conquis
pavane caravelle presse-moi
alcôve maîtresse aie pitié
découvrir nous renverser s’évanouir36
Légende audacieuse ! malgré moi
épave je râlais poings rongés
mais au marché brusquement
espiègle Urraca il pleut
acrobate luxe fée
des rumeurs tes bas tes signes
tes encouragements ton corsage m’ont invité
biche datura serre-moi
jaillissement maîtresse hâte-toi
secrètement nous renverser explorer
37
Légende inventive ! malgré moi
honteux je m’engloutissais poings rongés
sordide sur le pont brusquement
ardente Chimène d’Alagon
brodeuse luxe vin
vois ! tes bas tes tempes
m’ont redressé forge seuil
ta chaleur ta justesse élégante
alcôve maîtresse hâte-toi
découvrir nous renverser explorer38
Courage ! dans mes désastres dans mes intrigues
démon je grimaçais grinçant
tu parais sur le pont taciturne
voluptueuse Lisarda tu le sais
institutrice Lune des gouffres
je le jure ! et détours tes accents
tes boucles joie ! m’ont fouetté
creuset des myrtes mimosa
si douce maîtresse dévêts-toi
savoir nous renverser longuement
39
Légende innocente ! en mes intrigues
vieilli je me perdais damné
sordide sur le pont taciturne
blanche Beatriz d’Alajar
institutrice délice vin
je le jure tourbillonnante tes tempes
tes boucles m’ont atteint élégante
tes jambes empiégé ambre
si douce maîtresse hâte-toi
savoir nous renverser explorer40
Lyre pure ! dans mes noirceurs
sale je me droguais enragé
possédé hier peu à peu
majestueuse Lisida miroir
fraîche compagne des louves
et des trésors ingénieuse m’en veux-tu ?
ta chevelure tes élans ton sourire
m’ont retourné séduit lilas
détends-toi maîtresse penche-toi
disparaître nous renverser à ta santé
41
Dans ma misère Dame exauce-moi !
sale je désespérais damné
sordide pendant l’orage peu à peu
blanche Violante d’Alango
fraîche résurgence vin
des trésors admirable tes tempes
ta chevelure ta taille élégante
m’ont circonvenu désaltéré pourquoi crains-tu ?
si douce maîtresse penche-toi
savoir nous renverser à ta santé42
Amour ! Dame dans ma caverne
pestiféré je haletais infâme
dans les galeries ce matin ô
ton humeur Lucia d’Alarcon
fraîche gloire vin
des trésors unique tes tempes
tes ondulations ta poitrine ta peau
m’ont délivré nourri où m’entraînes-tu ?
fondre quel repos ! accueille-moi
chèvrefeuille plonger et partir
43
Aime-moi Dame ! dans mes incendies
je sombrais je me lacérais stupide
bouleversement au concours silencieuse
ton humeur Jacinta miroir
fraîche étoile vin
des trésors et des aventures tes tempes
tes ondulations tes talons élégante
m’ont circonvenu felouque où m’entraînes-tu ?
si douce je vacille accueille-moi
savoir fouiller et partir44
Pourquoi tarder ? Dame dans mes déserts
pantelant je me lacérais j’appelais
l’heure a sonné à la chasse toi
capiteuse Florinda m’en veux-tu ?
messagère orgueil des vitraillers
tu rougis sinueuse tes reflets
tes bras tes chevilles tes palpitations
m’ont poursuivi felouque torche
clavecin je vacille accepte
rajeunir fouiller retrouver
45
Pourquoi tarder ? Dame dans mes incendies
pantelant je me lacérais stupide
si belle au divertissement en un instant
capiteuse Melisa miroir
messagère gardienne vin
des trésors et des confidences tes reflets
ton art tes peignes m’ont rajeuni
palme felouque autre délire
ivre je vacille lèche-moi
creuser fouiller à bouche que veux-tu46
Baise-moi oui ! jadis
dans mes tourbillons je roulais je me dévorais
cela s’est passé au parc à l’improviste
fragile Serafina d’Alar del Rey
couturière gardienne rose
des nuages et des confidences tes cavatines
ta franchise tes épingles m’ont transformé
paix dorade anguille
saveurs je frétille caresse-moi
marque-moi appareiller et saisir
47
Pourquoi tarder ? dans mes hésitations jadis
pantelant je me détruisais je me dévorais
cela s’est passé au carrefour en un instant
patiente Madalena d’Alayor
messagère gardienne rose
des trésors et des confidences tes cavatines
joie ! tes bouquets m’ont interpellé
paix variété autre délire
saveurs je tangue lèche-moi
marque-moi grésiller à bouche que veux-tu48
Presse-moi ! dans mes hésitations dans mes repaires
assoiffé je me détruisais je m’enterrais
puis au carrefour d’un seul coup
juvénile Clara gothique
messagère flambeau rose
bourgeon des bises tes trilles
ton franc-parler tes broches m’ont touché
tu faiblis ouragan pôle
cascade je tangue fleuris
gravir grésiller engendrer
Comme la crispation du poing
devant les dernières nouvelles
noeud de colère et d’inquiétude
à l’aiguillage du destinComme une généalogie
entrelaçant les ascendants
pour aboutir au coup de dés
des chromosomes de demain
A
La recherche dans la nuit noire
au-dedans craquent les éclairsLa découverte dans la nuit de fièvre
sous le manteau mûrit la profondeurAinsi grâce à maint satellite
les Antipodes communiquentB
L’interrogation dans la nuit profonde
la fièvre fait battre les veines des fleuvesL’illumination dans la nuit d’orage
le noir se transmue en lait de tendresseAinsi la Terre continue
sa valse autour du roi Soleil
LE JARDIN DU GIVRE AUTOUR DE L’ANNÉE
janvierDans la serre la sueur des palmes
invite la bise au reposfévrier
Secouant leurs arborescences
sur les esquisses de banquises
hennissent les chevaux du froidmars
Caressant la vitre de l’aube
les étamines se souviennent
des lézards du printemps passéavril
Baisant les miroirs du dégel
un prince venu de l’enfance
éveille l’âme au lac dormantmai
La chevelure des prairies
peignée par le chant des oiseauxjuin
Les citrons verts tendent leurs zestes
aux glaçons des apéritifsjuillet
Dans les ténèbres des sous-bois
s’entrouvrent lèvres des cascadesaoût
Elytres sur l’embarcadère
où les ombres cherchent leur voieseptembre
La constellation d’amertume
embrase l’iris d’équinoxeoctobre
Le gué réajuste ses pierres
pour faciliter les escales
des migrateurs fuyant la neigenovembre
Dans la broussaille des marais
glissent pelages et plumagesdécembre
Pour sa récapitulation
l’année s’enfonce entre ses draps
LES RIVAGES DU VINGTIEME SIECLE S’ÉLOIGNENT PEU À PEU DANS L’HISTOIRE
Il y avait des guerres
et encore des guerres
et chaque fois l’on s’imaginait
qu’elle serait finie l’année prochaine
et qu’au siècle prochain il n’y en aurait plusIl y avait des massacres
même en dehors des guerres
et chaque fois l’on pensait
qu’on aurait pu faire quelque chose
et quelques-uns votaient une résolutionIl y avait des famines
en dépit de la croissance
mais on parlait toujours de la croissance
sans se demander si c’était la bonne
et les réserves pourrissaient dans les entrepôtsIl y avait des prisons
de plus en plus sophistiquées
mais elles étaient tellement remplies
qu’on finissait bien par s’en échapper
et le crime continuait à courir les ruesIl y avait de grands discours
relayés de par le monde entier
grâce à des réseaux de distribution
mais on ne parvenait plus à y croire
et les mots les plus beaux devenaient cendresIl y avait des trains et des avions
de plus en plus rapides et bruyants
si bien que l’on tournait autour de la planète
à la recherche d’un lieu de tranquillité
où l’urgence et le bruit vous rattrapaient bientôtIl y avait des téléphones mobiles
qui vous permettaient de communiquer
avec les vôtres n'importe où
si bien que la solitude augmentait
dans la foule où l’on se bousculait sans se voirIl y avait des écrans de télévision
ou d’ordinateurs de plus en plus grands
avec une définition de plus en plus serrée
nous ne pouvions que constater notre impuissance
devant tous les malheurs dont on nous harcelaitIl y avait de grands troupeaux
mais les vaches devenaient folles
on était obligé de les abattre
alors les abattoirs faisaient faillite
et tout un pan de l’économie s’écroulaitLa surface des forêts rétrécissait
car on avait besoin de beaucoup de papier
et dans les quelques préservées
où diminuait la diversité des espèces
s’accumulaient les ordures ménagèresIl y avait de moins en moins de pétrole
et l’on en brûlait de plus en plus
au risque de réchauffer la planète
et l’on convoquait des congrès
qui se gardaient de toute décisionOn élevait de plus en plus les édifices
mais les pannes d’électricité
paralysaient les ascenseurs
et l’on se retrouvait en déroute
dans d’interminables escaliers obscursLes premières centrales atomiques
fissurées émettaient des nuages
curieusement respectueux des frontières
même les plus modernes produisaient
des déchets dont on ne savait se débarrasserIl y avait de grands hôpitaux
et la recherche médicale progressait
mais les microbes devenaient plus rusés
de nouvelles maladies apparaissaient
qui se propageaient dans les hôpitaux mêmesIl y avait des naissances
et encore des naissances
l’espace pour chacun se contractait
malgré les prévisions et précautions
les flots des naissances inondaient les diguesIl y avait heureusement des certitudes
qui se fendillaient
des nécessités apparentes
qui se retournaient et s’ouvraient
une respiration se glissait sous les portesUn jour on s’est senti
presque sans s’y attendre
malgré les hésitantes célébrations
déjà loin de ce siècle sinistre
que nos ancêtres avaient tant attenduDéjà loin de l’année
dont le triple zéro
roues apocalyptiques
avait chanté comme une aurore
dans les rêves de tant d’adolescentsEt un jour les enfants
de nos petits enfants
quittant ce nouveau siècle
espérons plus heureux
s’étonneront sans fin de notre aveuglementEt voici la vingtième strophe
de cet adieu doux-amer
dans le souvenir des beaux moments
luisant au milieu de la toundra volcanique
ce qui nous a permis d’arriver jusqu’ici
Lorsqu’on a fait le grand passage
on se trouve un peu démuni
après quelques moments d’errance
où l’on ne comprend pas très bien
ce qui vient de vous arriver
il s’agit de se préparer
pour une survie assez longue
qui pourrait être assez pénibleHeureusement les grands anciens
ont organisé des écoles
ouvertes aux nouveaux venus
sans qu’il soit question de payer
car que ferait-on de monnaie
on peut choisir son logement
parmi tous ceux déjà construits
et l’on se nourrit de fuméesQuelques-uns restent solitaires
dans les clochers ou les cavernes
ce sont les ermites des ombres
ressassant remords et regrets
mais la plupart vivent en troupes
qui s’assemblent sur les monts chauves
pour des rondes consultatives
pendant les nuits des équinoxesOn décide alors des régions
où se fixeront les hantises
réglant les sociétés humaines
par les cauchemars des puissants
et de celles à préserver
déjà fouillées par le malheur
où nous suggérerons par songes
inspirations et découvertesC’est qu’on n’apprend pas d’un seul coup
à tournoyer parmi les nuages
comme de grands vols d’étourneaux
en faisant claquer les suaires
ni à hurler avec les loups
devenant ici nos limiers
en disparaissant des forêts
où nous les avions fuis jadisIl faut aussi apprendre à jouer
des chaînes et des percussions
à siffler avec les forêts
à gronder avec l’océan
à crouler au milieu des ruines
à grincer dans les escaliers
à déclencher les sonneries
pour détourner les attentionsEt contrairement à l’idée
que nous nous faisions dans la vie
que nous menions comme des larves
nous dévorant mutuellement
nous avons des jours amoureux
dans notre invisibilité
nous pénétrant de fond en comble
nous retournant comme des gantsAu bout de neuf mois de berceuses
de sarabandes et bourrées
dans les aquariums transparents
des ventres des ensorceleuses
nos enfants entrent dans la danse
se préparant pour accueillir
les enfants leurs contemporains
dans les flots de leur agonieAinsi nos foules s’agrandissent
rayonnant en maintes spirales
depuis les Terres spermatiques
vers astres à ensemencer
et dans ce qu’on croyait silence
nos glapissements et nos cris
tressent des fugues justicières
changeant le vide en paradis
HUMEURS
VAGABONDES
sèves et vapeurs
Exposé1
L’année bat ses cartes
gémeaux émeraude
lumineux secrets
caresses de mai
juillet de sommeil
quand partirons-nous ?
suave janvier
gris cendré perlé
juin sous les tilleuls
octobre bouleaux
avril de glaïeuls
fleuves souterrainsJe jette des mots sur la page
comme des couleurs sur la toileAvril cyclamens
l’année bat ses cartes
légères tendresses
aigreurs de novembre
juin l’après-midi
où partirons-nous ?
d’octobre à décembre
ferveurs de la nuit
fraîcheurs et caresses
aurore orchidées
fleuves souterrains
rêves de MercureLes mots se disposent en phrases
puis repartent vers d'autres minesDouleurs d’étamines
odeurs et saveurs
l’année bat ses cartes
senteurs de septembre
avril à l’aurore
qu’emporterons-nous ?
caresses de cèdres
août la somnolence
février d’ivresse
fleuves souterrains
juillet de bonheur
luxe de Saturne2
Mélèzes bouquets
cèdres et pastèques
merveille en brindilles
l’année bat ses cartes
janvier février
quand reviendrons-nous ?
matin de douleurs
orgueil de palmiers
fleuves souterrains
nuit de désespoirs
réveil des tilleuls
saules en bourgeonsJe lance des couleurs sur la page
comme des oiseaux dans les airsJonquilles et prunes
orchidées et mangues
rose à respirer
tilleuls et raisins
l’année bat ses cartes
qu’apercevrons-nous ?
aube de bonheur
fleuves souterrains
hêtres chrysanthèmes
clématite Éros
orgueil des mélèzes
bonheur des irisLes oiseaux proposent leurs chants
puis s'envolent vers d'autres terresCèdres du Soleil
Jupiter qui parle
Saturne qui fouille
Terre des cymbales
ivresse fureurs
l’année bat ses cartes
fleuves souterrains
bouleaux et glaïeuls
jonquille Uranus
Neptune racines
chênes cyclamens
peupliers de Lune
3Orchidées en branches
glaïeuls en rameaux
écorces de violes
racines de cloches
corolles d’Espagne
fleuves souterrains
l’année bat ses cartes
Mercure et son gong
saules et jacinthes
jasmins de Vénus
étamines prunes
roses de PlutonJe lâche des oiseaux sur la page
comme des poissons dans les eauxSoleil d’étamines
Vénus et la pomme
la Lune et la poire
abricots de Grèce
fleuves souterrains
nous reverrons-nous ?
rameaux de Norvège
l’année bat ses cartes
tulipe iris roses
orchidées de Mars
Jupiter corolles
pistils de pastèquesLes oiseaux migrent sur les terres
pour découvrir leurs paysagesRamper jusqu’au gong
grappes de raisins
herbe à respirer
fleuves souterrains
voler en Égypte
quand nous verrons-nous ?
courir à Ceylan
mangues du Mali
l’année bat ses cartes
Soleil Lune et Terre
Mercure en bourgeons
écorces de noix
4Parler en cymbales
sistres de Norvège
fleuves souterrains
abricots et cors
prunes et hautbois
où nous verrons-nous ?
trompes du Liban
caresser l’Iran
orgue en Argentine
l’année bat ses cartes
herbes et brindilles
rameaux d’abricotsJe libère des poissons sur la page
comme des flaques dans un désertCreuser flûtes cors
fleuves souterrains
Autriche Bénin
écriture pour l’orgue
voler en Irlande
que reverrons-nous ?
Espagne Équateur
France Bolivie
sistres d’Argentine
raisins pommes poires
l’année bat ses cartes
noix à dégusterLes poissons nagent parmi les paysages
selon les incitations des courantsFleuves souterrains
mines de cristal
Botswana Ceylan
gamelang en Suède
clavecins d’Égypte
qu’écouterons-nous ?
Maroc Sumatra
Tunisie Bali
Bénin Titania
marcher respirer
l’année bat ses cartes
et la Terre aussi
5Heures longitudes
trompes d’Allemagne
Irlande Éthiopie
Mozambique Irak
Arabie Brésil
nous entendrons-nous ?
Italie en Inde
Liban Perdita
Iran Desdémone
Japon arc-en-ciel
Maroc Miranda
les astres invententJe disperse des flaques sur la page
comme des îles sur la merSénégal Iran
heures longitudes
Liban Bolivie
Équateur Moluques
Algérie Mexique
que sentirons-nous ?
Argentine givre
Canada bourrasques
Colombie charbon
Corée arcs-en-ciel
les astres inventent
France PortugalLes flaques s'allongent parmi les courants
pour se lancer dans leurs dialoguesHonduras Timor
Bali Titania
heures longitudes
Siam Venezuela
Tibet Philippines
que comprendrons-nous ?
Bornéo charbon
Java hydrogène
Guatemala iode
les astres inventent
Égypte Algérie
Zimbabwe Japon
6Cléopâtre calme
Brésil Miranda
Canada verglas
heures longitudes
Desdémone phrases
nous comprendrons-nous ?
Australie des ombres
Philippines pages
les astres inventent
Corée Colombie
Chili Bornéo
Célèbes JulietteJ'illumine des îles sur la page
comme des femmes sur une scèneJava Béatrice
Moluques tornade
Marquises bourrasque
orages murmures
heures longitudes
que nous dirons-nous ?
Imogène chants
les astres inventent
Canada Mexique
Fidji Desdémone
Ophélie éclairs
tempêtes de chromeLes îles psalmodient leurs dialogues
puis se retirent en coulissesPerdita d’argent
Ophélie de chlore
cuivre des vacances
charbon de Noël
orages de fêtes
heures longitudes
les astres inventent
Australie Java
Bali Cordélia
Imogène averse
arc-en-ciel d’argent
rouille des discours
7Éclairs de théâtre
cinéma des lions
ombres de la vierge
argent du cancer
Viola Miranda
les astres inventent
heures longitudes
givre neige chlore
iode ponctuations
notes sonneries
neige de charbon
orages de phrasesJ'invite des femmes sur la page
comme des charbons dans les flammesSoupirs mordorés
gazouillis cendrés
cinéma suave
bourrasques verglas
les astres inventent
que traduirons-nous ?
ombres cantilènes
heures longitudes
murmures de Pâques
or et hydrogène
atomes de bruit
charbons grondementsLes femmes se déshabillent en coulisses
puis s'allongent dans les jardinsSolstice d’aveux
soupirs de tendresses
échos de caresses
les astres inventent
cuivres et silences
qu’apporterons-nous ?
aboiements d’automne
rentrée des poissons
heures longitudes
théâtre des titres
pages de vacances
Noël de fumées
8Vacances d’avril
printemps mois de mai
les astres inventent
pages mélopées
grondements d’été
nous souviendrons-nous ?
capricorne acide
chants d’épiphanie
murmures du lion
heures longitudes
poissons de septembre
vierge du matinJ'allume des charbons sur la page
comme des mots dans un aveuPoissons de l’aurore
les astres inventent
bruits d’épiphanie
printemps de la vierge
sagittaire gris
que garderons-nous ?
Noëls en balance
hivers mordorés
lumineux réveils
émeraudes glauques
heures longitudes
scorpions de la nuitLes charbons brasillent dans les jardins
puis se taisent dans leur échoLes astres inventent
de nouveaux dessins
hivers et cancers
lions et scorpions roux
chaleur des aveux
que transmettrons-nous ?
ferveurs et secrets
senteurs sous le saule
acides paresses
suaves réveils
tournent dans mes yeux
heures longitudes
SEVES
ET VAPEURS
humeurs vagabondes
Reprise
1Les peuples divers
suaves réveils
acides paresses
senteurs sous le saule
secrets et ferveurs
caresses tendresses
quand partirons-nous ?
lisses baisers glauques
lions roux et scorpions
hivers et cancers
solstice équinoxes
les oscillationsJ'allume des charbons sur la page
comme des femmes dans les flammesÉmeraudes glauques
les peuples divers
lumineux réveils
hivers mordorés
Noëls en balance
perlés et fumés
où partirons-nous ?
printemps du verseau
bruits d’épiphanie
murmures soupirs
les oscillations
vierge du matinLes femmes brasillent dans les jardins
puis se taisent dans leur échoPoissons de septembre
murmures du lion
les peuples divers
chants d’épiphanie
capricorne acide
fêtes du verseau
qu’emporterons-nous ?
pages mélopées
strophes cinéma
les oscillations
vacances de mai
Noël de fumée
2Pages de vacances
théâtre des titres
rentrée des poissons
les peuples divers
aboiements d’automne
élégies appels
quand reviendrons-nous ?
hydrogène azote
les oscillations
soupirs de tendresses
solstices d’aveux
charbons grondementsJ'invite des femmes sur la page
comme des îles sur une scèneAtomes de bruits
hydrogène et or
murmures de Pâques
ormes cantilènes
les peuples divers
oxygène phrases
qu’apercevrons-nous ?
les oscillations
cinéma suave
gazouillis cendrés
soupirs mordorés
orages de phrasesLes îles se déshabillent en coulisses
puis s'allongent dans les jardinsNeige de charbon
notes sonneries
iode ponctuations
neige chlore givre
Perdita rayon
les peuples divers
les oscillations
argent du cancer
ombres de la vierge
cinéma des lions
éclairs de théâtre
rouille des discours
3Arc-en-ciel d’argent
averse Imogène
Cordélia Bali
Australie Java
bourrasques d’automne
les oscillations
les peuples divers
orages de fêtes
cuivre des vacances
Ophélie de chlore
Perdita d’argent
tempêtes de chromeJ'illumine des îles sur la page
comme des flaques sur la merOphélie d’éclairs
Fidji Desdémone
Canada Mexique
Cléopâtre chants
les oscillations
mélopées et neiges
nous reverrons-nous ?
les peuples divers
bourrasques Marquises
tornades Moluques
Java Béatrice
Juliette CélèbesLes flaques psalmodient leurs dialogues
puis se retirent en coulissesBornéo Chili
Colombie Corée
Tibet Sibérie
les oscillations
Australie des ombres
Ophélie silences
quand nous verrons-nous ?
verglas Canada
les peuples divers
Miranda Brésil
calme Cléopâtre
Japon Zimbabwe
4Égypte Algérie
élégies Fidji
les oscillations
Java hydrogène
charbon Bornéo
Australie Corée
où nous verrons-nous ?
Venezuela Siam
Titania Bali
les peuples divers
Timor Honduras
France PortugalJe disperse des flaques sur la page
comme des poissons dans un désertEspagne Mali
les oscillations
charbon Colombie
Canada bourrasques
Argentine givre
Chili Zimbabwe
que reverrons-nous ?
Équateur Moluques
Bolivie Liban
Sénégal Iran
les peuples divers
hautbois clavecinsLes poissons s'allongent parmi les courants
pour se lancer dans leurs dialoguesLes oscillations
sur les champs d’avoine
Desdémone Iran
Liban Perdita
Inde en Italie
Corée Portugal
qu’écouterons-nous ?
Mozambique Irak
Irlande Éthiopie
trompes d’Allemagne
les peuples divers
apprennent leurs langues
5Pelages plumages
respirer marcher
Titania Bénin
Bali Tunisie
Sumatra Maroc
flûtes du Mali
nous entendrons-nous ?
gamelangs en Suède
Ceylan Botswana
violes d’Angleterre
caresser les orgues
le choeur des souriresJe libère des poissons sur la page
comme des oiseaux sur les eauxRaisins pommes poires
pelages plumages
sistres d’Argentine
France Bolivie
Équateur Espagne
caresser la Suède
que sentirons-nous ?
écrire pour l’orgue
Autriche Bénin
cloches d’Allemagne
le choeur des sourires
rameaux d’abricotsLes oiseaux nagent dans leurs paysages
selon les incitations des courantsHerbes et brindilles
orgue en Argentine
pelages plumages
caresser l’Iran
trompes du Liban
gongs de Sibérie
que comprendrons-nous ?
abricots et cors
dattes à sucer
le choeur des sourires
parler en cymbales
écorces de noix
6Mercure en bourgeons
Soleil Terre et Lune
mangues du Mali
pelages plumages
courir à Ceylan
sauter au Maroc
nous comprendrons-nous ?
brindille à sucer
le choeur des sourires
grappes des raisins
ramper jusqu’au gong
pistils de pastèquesJe lâche des oiseaux sur la page
comme des couleurs dans les airsJupiter corolle
orchidées de Mars
rose iris tulipes
rameaux de Norvège
pelages plumages
pêches d’Éthiopie
que nous dirons-nous ?
le choeur des sourires
la poire et la Lune
la pomme et Vénus
Soleil d’étamines
roses de PlutonLes couleurs migrent par-dessus les terres
et découvrent leurs paysagesÉtamines prunes
jasmins de Vénus
jacinthes et saules
chênes et sapins
Mercure et son gong
pelages plumages
le choeur des sourires
racines de cloches
écorces de violes
glaïeuls en rameaux
orchidées en branches
peupliers de Lune
7Chênes cyclamens
Neptune racines
Uranus jonquilles
glaïeuls et bouleaux
joie sous les tilleuls
le choeur des sourires
pelages plumages
Terre des cymbales
Saturne qui fouille
Jupiter qui parle
cèdres du Soleil
bonheur des irisJe lance des couleurs sur la page
comme des mots sur une toileOrgueil des mélèzes
clématite Éros
hêtres chrysanthèmes
désespoir des charmes
le choeur des sourires
la nuit le réveil
que traduirons-nous ?
pelages plumages
rose à respirer
orchidées et mangues
prunes et jonquilles
saules en bourgeonsLes mots nous proposent leurs chants
puis s'envolent vers d'autres terresRéveil des tilleuls
nuits de désespoir
oliviers narcisses
le choeur des sourires
matins de douleurs
Mars au crépuscule
qu’apporterons-nous ?
merveille en brindilles
pelages plumages
cèdres et pastèques
mélèzes bouquets
grappes de raisins
8Orgueil de Vénus
bonheur de juillet
le choeur des sourires
août la somnolence
caresses de cèdres
amour siestes rêves
nous souviendrons-nous ?
senteurs de septembre
odeurs et saveurs
pelages plumages
douleurs d’étamines
rêves de MercureJe jette des mots sur la page
comme des charbons dans un aveuSommeil de jonquilles
le choeur des sourires
fraîcheurs et caresses
ferveurs de la nuit
d’octobre à décembre
soir merveille et luxe
que garderons-nous ?
aigreurs de novembre
tendresses légères
avril cyclamens
pelages plumages
chaleurs et palmiersLes charbons se disposent en phrases
puis repartent vers d'autres minesLe choeur des sourires
plane sur les eaux
juin sous les tilleuls
gris cendrés perlés
suave janvier
fraîcheur des baisers
que transmettrons-nous ?
caresses de mai
lumineux secrets
gémeaux émeraude
pelages plumages
échangent leurs voeux
IFeuille verte qui vient de descendre d’une fissure dans le plafond de bronze, tournoyant comme une des feuilles oraculaires du chêne de Dodone, accompagnée d’un rayon de lumière vertical qui vient me découvrir à moi-même, en me frôlant et caressant,
feuille verte de midi, j’ai l’impression que tu me parles avec tes froissements et miroitements, mais je ne puis y croire, et je n’ose t’interroger sur l’énigme de moi-même.- Qu’importe que je te parle ou pas, pourvu que tu m’entendes.
- Alors pourrais-tu me dire, feuille oraculaire, ou me faire entendre, pourquoi je suis enfermée depuis déjà si longtemps dans cette tour métallique ?
De temps en temps une femme vient m’apporter à manger et à boire en ouvrant un guichet qui se referme avec un bruit de gong; elle me regarde avec tendresse et j’ai l’impression que je l’ai toujours connue, que je tirais d’elle ma nourriture autrefois quand je me promenais à l’air libre, et qu’elle me parlait, que d’autres lui parlaient et me parlaient aussi. Pourquoi ne me dit-elle plus un mot ?
Parfois un homme l’accompagne qui me rappelle aussi mon enfance, et elle me montre à lui avec des gestes d’imploration, et j’ai l’impression que des larmes naissent dans ses yeux, qu’à certains moments il voudrait parler; pourtant la sévérité revient sur son visage et il fait s’éloigner cette femme avec lui.- Danaé, c’est ton père, le roi d’Argos, Acrisios, et ta mère, la reine Aganippe.
- A leurs soupirs je crois qu’ils m’aiment, papyrus vert, ou qu’ils m’ont aimée; pourquoi donc cette sévère claustration ?
- C’est que ton père désirant un héritier à qui transmettre le trône d’Argos, chère Danaé, est allé consulter l’oracle de Delphes dont la réponse fut qu’il n’aurait jamais de fils, mais qu’un petit-fils l’assassinerait.
C’est donc pour tenter de déjouer la volonté divine que ne voulant te perdre il t’a enfermée si soigneusement, laissant à peine quelques fissures pour laisser passer l’air et parfois quelques rayons de lumière, outre le guichet qui permet à ta mère de venir te nourrir, à lui de te contempler quelquefois.- Qu’avait donc fait le roi mon père, feuille, rameau, papyrus vert, pour que les dieux le condamnent ainsi ? Réussira-t-il à me maintenir stérile et donc à échapper à cet assassinat ?
- Ton père était rempli de haine depuis sa conception, Danaé. Son père Abas, ton grand-père, l’a engendré en même temps que son jumeau Proetos; et dans le sein de leur mère ils se battaient déjà.
Leur querelle fut particulièrement intense au moment de leur naissance, car ils avaient tout entendu des discussions à leur sujet, et chacun voulait sortir le premier afin de fermer à l’autre l’issue.
Toute leur enfance fut batailles de plus en plus violentes et vicieuses; aussi ton grand-père Abas avait-il décidé que chacun régnerait sur Argos une année à tour de rôle, mais les dieux le firent mourir avant qu’il ait pu dire qui prendrait le trône en premier. Les deux frères se sont battus sauvagement avant même qu’il fût enterré. Ton père a réussi à chasser ton oncle qui s’est enfui dans la Lycie.- C’est bien cette région de l’Asie mineure au-delà de Rhodes, feuille verte toute couverte de nervures semblables à des images et signatures que je suis incapable de déchiffrer ? Sais-tu ce qu’il est devenu là-bas ?
- Proetos ayant abordé dans la ville de Xanthos, a séduit Sthénéboé, la fille d’Iobates, roi de ce pays, Danaé. Iobates a pris fait et cause pour son gendre et a débarqué avec lui pour reprendre Argos. Le tintamarre des combats a dû traverser même les parois de bronze de ta prison.
- Mais je prenais cela pour un étrange orage, incapable de comprendre ce qui se passait. Qui donc a gagné la bataille ?
- Aucune victoire décisive ne venant terminer la guerre, Danaé, ton oncle Proetos a finalement accepté de devenir roi de Tyrinthe, mais sans se résoudre à sa défaite.
Ce n’est donc pas seulement cette tour qui est une prison de bronze, mais toute la ville d’Argos. Sur les murs les guerriers scrutent perpétuellement l’horizon, car ton père s’imagine que, tout marié que soit son frère, c’est toi qu’il désire posséder pour avoir un bâtard incestueux qui serait l’héritier d’Argos, mais qui en ferait la vassale de Tyrinthe.
II
- Un second rameau-rouleau vert virevolte depuis la fissure; c’est un autre rayon qui vient l’éclairer par moments, plus jaune, qui le dore; rameau vert du soir, sauras-tu me parler aussi ?
- C’est toujours moi, je suis multiple; ce n’est qu’un des mots de ma phrase.
- Rouleau, feuille ou monnaie, si tu peux me renseigner quelque peu sur mon passé, connais-tu aussi l’avenir ? Serai-je la victime de mon oncle Proetos, actuellement roi de Tyrinthe ? Toutes les précautions de mon père seront-elles vaines ?
- Toutes seront vaines, Danaé; mais contrairement à ce qu’il imagine, son successeur ne sera pas le fils de Proetos.
- Vais-je donc être délivrée pour épouser quelque prince ?
- Tu as déjà épousé bien mieux qu’un prince, Danaé; tu n’as pas eu besoin pour cela de sortir de ta prison.
- Peut-être sauras-tu éclaircir tes énigmes; mais pour l’instant poursuis le récit de mes origines. Pourquoi la haine était-elle si forte entre les deux frères ? Et y aura-t-il un moment où la haine sera vaincue ?
- Un dieu aura été ému par ta misère et ta beauté, Danaé; il s’arrangera pour que naisse de toi un libérateur qui sauvera finalement toute ta famille, c’est-à-dire tous les grecs et tous les hommes.
Le père d’Abas, Lyncée, ton arrière-grand-père, était fameux par l’acuité de sa vision. C’était l’un des cinquante fils d’Aegyptos dont le frère jumeau Danaos avait cinquante filles. Aegyptos régnait à l’est du Nil, du côté de la chaîne arabique, Danaos à l’ouest, du côté de la chaîne libyenne. Tous les jours le fleuve était ensanglanté par leurs combats.- Maintenant tu me sembles monnaie d’or, d’argent ou de bronze.
- Un jour une de mes filles vint avertir Danaos qu’il vaudrait beaucoup mieux pour lui et ses filles laisser le pays d’Égypte à son frère, et déménager vers Argos, Danaé, le royaume de ses ancêtres. Les danaïdes l’aidèrent à construire le plus grand vaisseau qu’on eût alors jamais vu, et qui fit le voyage en cinquante jours. Argos était alors gouvernée par Gelanor, un lointain cousin, qui terrifié par un présage préféra lui quitter la place.
Les cinquante fils d’Aegyptos s’étaient hâtés de construire un autre navire, encore plus vaste, et il débarquèrent décidés à tout détruire, mais ils furent émerveillés par la beauté des danaïdes et demandèrent à les épouser. Danaos fit semblant d’accepter, mais ordonna à ses cinquante filles de tuer ses cinquante neveux la nuit de leurs noces. Une seule désobéit, c’est Hypermnestre, ton arrière-grand-mère.
III
- Encore une feuille qui tombe, toute dorée, qui vient valser avec les autres et me frôler, me caresser avant de planer et de murmurer.
Feuille d’or du crépuscule, billet d’or vert où je distingue un oeil dans un triangle qui termine une pyramide, j’ai entendu parler de ces grandes criminelles qui remplissent éternellement des tonneaux d’or dans les enfers, qui se vident perpétuellement, ces grandes criminelles ancêtres de tout ce qui est en Grèce aujourd’hui.
Mais sauras-tu me dire d’où vient cette faute qui ruisselle en cascade tout au long de notre arbre généalogique. Qu’est-ce qui avait condamné ces jumeaux antérieurs, à se haïr sans doute déjà dès avant leur naissance ?- Les choses commencent à s’obscurcir même pour moi. Bélos, le père d’Aegyptos et de Danaos, le double arrière-grand-père de ton grand-père Abas, était le fils de Libya qu’avait épousé un de mes frères.
- Je serais donc une de tes très lointaines nièces, puisque je suis l’arrière-petite-fille de Lyncée et d’Hypermestre tous deux arrière-petits-enfants de ton frère; nous avons déjà dépassé bien plus d’un siècle, monnaie ou simulacre de monnaie; je vois bien que tu n’es qu’un de mes songes, autrement il me faudrait croire que je dialogue avec un immortel.
- Immortel est peut-être trop dire, Danaé, mais cela fait en effet déjà des siècles que je règne avec mes frères et mes soeurs depuis les montagnes. Libya, la grand-mère d’Aegyptos et Danaos, tous deux grands-parents d’Abas ton grand-père, était la fille d’Epaphos, le premier des rois de l’Égypte qui n’avait pas encore ce nom, et lui-même était l’enfant de la princesse Io qui te ressemblait étrangement mon enfant, que je crois revoir en te regardant, caresser encore en te caressant.
- Combien de fois ai-je entendu parler de cette malheureuse génisse persécutée par un taon incarnant la fureur de l’épouse jalouse du roi des dieux ! Sous tes feuilles bruissantes se cacherait-il un taureau furieux ?
- Danaé, tu n’es pas seulement ma lointaine nièce, mais ma lointaine descendante et tous tes malheurs, ceux de toute ta race, viennent de la vengeance de cette épouse que je révère, mais que, tout dieu que je sois, je ne puis m’empêcher d’outrager, car non seulement les déesses mais les femmes me découvrent perpétuellement des beautés et des pouvoirs que j’ignorais.
- Vais-je donc devenir comme ma très lointaine ancêtre, la grand-mère de l’arrière-grand-mère de mes arrière-grands-parents, obligée de fuir la rage de ma famille ?
- Dans neuf mois ta mère Aganippe entrera pour t’aider à donner naissance à mon fils Persée, Danaé.
Ton père Acrisios s’imaginera qu’il sera celui du roi de Tyrinthe, ton oncle, son jumeau détesté Proetos. Il voudra vous tuer tous les deux, mais au dernier moment se laissera enfin envahir par la pitié, et se contentera de changer ta prison; il vous enfermera ton fils et toi dans un coffre de bronze semblable à un cercueil et vous abandonnera sur les flots.
Mais ne te fais aucun souci, nous serons là, mon frère océanique et moi, pour te protéger de tout mal.
IV
- Encore une feuille dorée qui tombe, plane, vient effleurer mes lèvres, s’appesantit pour rouler le long de mes bras et de ma poitrine. Je la froisse, je la baise, je la hume, je la roule entre mes paumes. Un rameau d’or, un ruban d’or, un rouleau d’or.
Monnaie d’or nocturne, je suis évidemment incapable de te résister, dieu coupable, mais quel est ton nom, d’où viens-tu toi-même et d’où vient ta faute ?- On me nomme le dieu de la foudre et depuis bien des siècles je suis le roi des dieux, mais je ne suis pas le plus ancien. J’ai détrôné mon père le vieux Cronos, celui que les peuples de l’Italie nomment déjà Saturne, le temps germinateur et destructeur, qui savait par un profond oracle intérieur que je devais le faire et qui s’était efforcé en vain d’empêcher ma venue.
Il dévorait tous ses enfants à leur naissance, mais un jour ma mère Rhéa, l’ayant enivré, a réussi à le tromper et à lui donner une pierre emmaillotée qu’il prit pour moi. Cette pierre d’ailleurs lui fit vomir tous mes frères et soeurs qui m’ont aidé à l’enfoncer dans ses propres entrailles.
Et depuis je cherche à engendrer un fils qui me fera passer dans l’élysée des dieux, retrouver mon père enfin bien-aimé dont on dit que le règne était l’âge d’or.- Dis-moi, cascade de drachmes ou sesterces, ce fils que tu vas me donner sera-t-il donc ton successeur ?
- Pas encore, et bien loin de là, Danaé; je dois régner des siècles encore, mais il sera un précurseur, et il y aura bien d’autres précurseurs après lui. N’aie crainte. Ton cercueil marin abordera dans l’île de Sériphos, une des Cyclades, où le pêcheur Dictys parviendra patiemment à l’ouvrir. Il vous hébergera et vous adoptera.
Mais il aura un frère détesté lui aussi, Polydectès, roi de son île, qui s’éprendra violemment de toi, mais tu sauras lui résister.- Après tout ce métal que tu fais couler dans mes veines, comment ne serais-je pas armée contre les séductions des plus beaux hommes, contre les entreprises des plus violents ?
Mais Io, la malheureuse, d’où venait-elle et pourquoi la rencontre avec toi devait-elle la plonger dans de telles épreuves ?- Io était la fille d’Inachos, le dieu-fleuve; mais désormais quand je dis fille, Danaé, tu dois comprendre que c’est seulement descendante, lointaine descendante, que les générations et les siècles se multiplient.
Inachos, le premier fondateur d’Argos où nous discourons et nous aimons dans ta prison de bronze, était lui-même, comme tous les autres fleuves, fils de mon oncle Oceanos, fils de la Terre et du Ciel comme Cronos mon père et tous les titans. Et tu dois bien comprendre que ce ne sont plus les siècles mais les millénaires qui se multiplient.
Or mon père avant moi avait détrôné le sien; il l’avait châtré et sa semence s’était répandue au hasard produisant ainsi mille monstres et maladies. Dans cette entreprise il avait été aidé par tous mes oncles qui se sont ensuite combattus horriblement entre eux et qui se combattent encore à travers tous les malheurs des dieux et des hommes, à travers ton emprisonnement, ton errance et ta renaissance.- Mais que deviendra ce fils qui devrait être ma consolation ?
- Le roi Polydectès lui fera promettre de lui rapporter la tête de Méduse, la gorgone qui vit avec ses soeurs dans une île aux confins du monde. Elles ont des ailes de chauve-souris, Danaé, des griffes, des crocs de vampire dans la gueule, des serpents venimeux en place de cheveux, et tout cela d’une horreur telle qu’elle pétrifie quiconque les regarde directement. Mais Hermès, mon fils, donnera à son demi-frère une épée de diamant qui pourra couper la tête du monstre d’un seul coup; Athéna, ma fille, le dotera d’un bouclier poli comme un miroir pour qu’il puisse observer le monstre par réflection afin de diriger sa main.
Il lui faudra traverser mainte épreuve, aller trouver les Grées qui n’ont qu’un oeil et une dent pour trois, qui lui diront où il pourra interroger les nymphes du Styx. Celles-ci lui donneront des sandales ailées qui lui permettront de voler comme un aigle, le casque de mon frère Hadès qui le rendra invisible, et un sac extensible et indéchirable où mettre la tête effroyable avant de pouvoir la clouer sur son bouclier pour pétrifier ses ennemis.
V
- Encore des feuilles d’or et des cascades de pièces d’or qui roulent et me remplissent et coulent en fleuve qui s’enfonce dans les souterrains de ma geôle et dans les souterrains de l’Histoire et du Temps.
Tonnerre de monnaie nocturne, je ne sais toujours pas ton nom, et si je le savais je n’oserais sans doute pas le dire.- J’ai bien sûr des milliers de noms, de A à Z, d’Ammon à Zeus, des noms qui vibrent comme les feuilles vertes du chêne oraculaire de Dodone, qui ruissellent comme la sueur des concurrents sur le stade d’Olympie, qui se transforment comme les monnaies, qui s’écoulent comme les discours et les chants.
- Ta foudre me déchire, dieu des métamorphoses. Ruisselle sur moi de tes noms.
- Ma foudre me déchire aussi, Danaé; les peuples d’Italie me nomment déjà Jupiter.
Tu peux m’appeler le dieu de la pluie, ou celui des semailles, ou celui des vendanges, ou le protecteur de la maison, ou celui des bornes, ou le victorieux, ou l’équilibreur; tu peux m’appeler le taureau amant d’Europe, ou le nuage amant d’Io, ou l’aigle amant de Ganymède, ou l’ours amant de Callisto, ou l’imposteur amant d’Alcmène.
Tu peux m’appeler l’arrière petit-fils du Chaos qui cherche toujours à se venger de la déchirure qu’il s’est lui-même fait subir avant qu’il y ait du temps, et qui fait ruisseler l’or noir de ses épidémies à travers les siècles et les millénaires.- Dieu de la pluie, des gouttes de sang rouge ruissellent sous moi sur la terre battue en me racontant l’histoire de Persée.
- Il passera par l’Éthiopie, éclatante et sombre à la fois, Danaé, pour y délivrer Andromède qu’il ramènera avec lui dans l’île de Sériphos où tous les deux pourront enfin te délivrer de la nouvelle tour de bronze dans laquelle t’aura réenfermée Polydectès, tandis que volera dans les airs le cheval ailé Pégase né du sang répandu de Méduse.
- Et encore, raconte-moi encore, dieu des semailles.
- Ton fils Persée pétrifiera Polydectès grâce à la tête de Méduse clouée sur son bouclier, Danaé. Mon fils Persée donnera la royauté de Sériphos au généreux pêcheur Dictys.
- Mais Persée, notre fils Persée, dieu des vendanges, Persée transmutation matinale de la monnaie, sera-t-il vraiment meurtrier de mon père, de son grand-père, comme avait annoncé l’oracle ?
- Comme avait annoncé l’oracle, mais sans le savoir, Danaé. Quand il s’en apercevra, Persée le pleurera conformément à tous les rites malgré ses crimes, comme tu le pleureras toi aussi, définitivement délivrée.
Notre fils, pour ne pas devenir l’héritier de sa victime, décidera de laisser Argos à son oncle Mégapenthès, le successeur de Proetos sur le trône de Tyrinthe; car celui-ci mourra en même temps que son frère jumeau, ton père Acrisios.
Ainsi Argos deviendra momentanément vassale de Tyrinthe; mais Persée fondera la ville de Mycènes à quoi je l’aiderai de tout mon pouvoir en forçant mes oncles cyclopes à construire pour lui des murailles qui étonneront les peuples futurs.
Il engendrera Électryon, notre petit-fils, dont la fille Alcmène sera d’une beauté comparable à la tienne.
Je ruisselle à tous les échelons de l’immense cascade à travers les pères et leurs pères et tous leurs descendants féconds; mais il y a des moments où je suis particulièrement ému, des opportunités suprêmement intéressantes pour faire avancer mes obscurs desseins et les éclaircir, des lucarnes comme diront ces astronautes qui non seulement voleront dans les airs comme Persée ou Pégase, mais s’enfonceront incroyablement loin dans un espace que nous n‘imaginons pas encore.
Ainsi, masqué sous les traits de son époux Amphytrion, je donnerai à notre arrière-petite-fille Alcmène un fils comme à toi, dompteur et tueur de monstres lui aussi, Héraklès petit-fils de notre petit-fils, le plus grand des héros que je sois pour l’instant capable de prévoir, qui deviendra un dieu lui aussi, me faisant couler, sombrer et survivre dans les torrents de la monnaie du temps.
Sommaire n°22 :MÉNESTREL,
L’ÉCHAPPÉE BELLE,
BERCEUSE D’AUTOMNE,
MARIE-JO PHOTOGRAPHE,
MARIE-JO BUTOR PHOTOGRAPHE,
LA ROSERAIE EN FLAMMES,
PRIMEURS,
TECHNO,
ÉCHANGES DE BONS PROCÉDÉS,
DON JUAN DANS LA MOSELLE,
AUGURES 2001,
COURRIER D’OMBRES,
DON JUAN DANS SON ESPAGNE,
L’AISSELLE DE LA FORET,
RÉVERSIBILITÉ,
LE JARDIN DU GIVRE AUTOUR DE L’ANNÉE,
LES RIVAGES DU VINGTIEME SIECLE S’ÉLOIGNENT PEU À PEU DANS L’HISTOIRE,
L’ÉCOLE DES FANTÔMES,
HUMEURS VAGABONDES,
SEVES ET VAPEURS et
LA PLUIE SÉDUCTRICE.