Poésie au jour le jour 8
Ce sont des glaciers très anciensà l'époque des aurochs et des rhinocéros laineux
qui nous ont lentement fait glisser
jusqu'à nos positions actuelles marquant
l'extrême limite de leur avancée
lorsque la neige nous recouvre
les souvenirs prennent corps dans nos fissures
Des hommes s'arrêtaient parfois
pour appuyer sur nos parois
leurs abris de branchages
qui ne les protégeaient guère
vêtus de raides peaux de bêtes
qu'ils mettaient un temps infini
à racler nettoyer sécher
Ils savaient déjà faire du feu
qu'ils transportaient d'un campement à l'autre
dans des paniers fourrés de mousse
toujours la fumée les accompagnait
ce qui faisait fuir le gibier
les obligeant à chasser de plus en plus loin
jusqu'au prochain départ
Ils avaient su aussi apprivoiser les chiens
couvertures vivantes
qui leur tenaient chaud la nuit
quand les braises s'obscurcissaient
et qui les aidaient à débusquer leurs proies
qu'ils devaient découper avec des couteaux de silex
pour les partager avec eux
Maintenant des hommes très différents en apparence
couverts de merveilleux enlacements de fibres
si fragiles d'allure mais si tranquilles
comme s'ils n'avaient rien à craindre qu'eux-mêmes
utilisent parfois nos anfractuosités
pour y faire griller des morceaux de bêtes méconnaissables
ce qui nous remet en mémoire l'horreur d'antan
Ils sont les moraines des nouveaux glaciers
de métal et de verre parcourus de bruits
craquements sifflements frôlements claquements
qui fondent et se répandent à certaines saisons
pour détruire la forêt en laissant des traces pierreuses
recouvertes par d'autres à une vitesse incroyable
et ils bourdonnent telles des mouches sur la toundra
in memoriam Maurice Baskine
Portes après portes et guichets;muses après muses et mages, caravanes après caravanes et wagons, mages, anges après anges et guides après anges et de marches en muses, pétales après pétales et feuilles, wagons, camions après camions et coches après camions et de misères en caravanes, anges, guides et pilotes après pilotes, messagers et fées; je devine que je m'approche enfin du vrai plomb; belvédères après belvédères et terrasses, feuilles, graines après graines et rameaux après graines et de cendres en pétales, camions, coches et carrosses après carrosses, navires et montgolfières; je devine que je m'approche enfin du véritable étain;
vestibules après vestibules et narthex;
et de nouveau cendres devenant pétales, ailes après ailes et flammes, terrasses, ponts après ponts et promenoirs après ponts et d'anfractuosités en belvédères, graines, rameaux, pistils après pistils, étamines et bourgeons; je devine que je m'approche enfin du vrai cuivre; et de nouveau bitumes devenant feuilles; je te remercie, muse, de m'inspirer; teintures après teintures et vapeurs, flammes, plumes après plumes et crêtes après plumes et de comptes en ailes, ponts, promenoirs et jardins après jardins, observatoires et pavillons; je devine que je m'approche enfin du vrai mercure;
et de marches en portes, guichets et lucarnes après lucarnes;
et de nouveau goudrons devenant graines; je te remercie, mage, de m'instruire; ai-je vraiment atteint, grâce à toi, la porte de Saturne? Serpents après serpents et chiens, vapeurs, alcools après alcools et soufres après alcools et de patiences en teintures, plumes, crêtes et griffes après griffes, écailles et crocs; je devine que je m'approche enfin du fer véritable; et de nouveau suies devenant rameaux; je te remercie, ange, de me conduire; ai-je vraiment atteint, grâce à toi, le guichet de Jupiter?
brumes après brumes et nuages, narthex, porches après porches;
et soudain nuits sans nuits, chiens, chariots après chariots et valets après chariots et de veilles en serpents, alcools, soufres, mercures après mercures, sels et pierres; je devine que je m'approche enfin de l'argent véritable; et de nouveau poussières devenant pistils; je te remercie, guide, pour tes secrets; ai-je vraiment atteint, grâce à toi, la lucarne de Vénus? Et progressivement ténèbres sans ténèbres, chariots, valets et cavaliers après cavaliers, reines et rois; je devine que je m'approche enfin de l'or véritable;
et antichambres après porches et de misères en vestibules, lucarnes, fenêtres et croisées;
et de nouveau mâchefers et graviers devenant étamines et bourgeons; je vous remercie tous pilotes, messagers et fées qui me sauvez; vais-je vraiment atteindre grâce à vous les fenêtres de Mercure, forcer les croisées de Mars, m'insinuer dans les ogives de la Lune et m'épanouir dans les ouvertures du Soleil? Et tout au long des temps sans temps les morts sans morts.
LEVÉE D'ÉCROURoulements de tambourssonneries de clairons
le rideau se lève
Électeurs chéris
objets provisoires
de nos flatteries
pour quelques semaines
voici nos sourires
nous allons vers vous
voici nos baisers
venez dans nos bras
Ecrans affiches
drapeaux projecteurs
micros caméras
Ne croyez pas
ce que l'on vous fait dire
interviews sondages
bilans commentaires
nous n'avons pas fait
toutes nos promesses
vous ne vous doutez
de tous vos périls
Venins poignards
banderoles portraits
slogans rires
Ne croyez pas
ce que disent les autres
coups fourrés bassesses
vilenies paillettes
faux-semblants attaques
attrape-nigauds
tape-à-l'oeil berceuses
chausse-trappes leurres
Présentateurs accompagnateurs
conseillers experts
procureurs défenseurs
Ne croyez pas
ce que je vais vous dire
il faut bien séduire
tous ceux d'entre vous
que vous n'aimez pas
que je n'aime pas
qui ne m'aiment pas
qui ne s'aiment pas
Urnes bulletins
isoloirs comités
hésitations proclamations
Ne croyez pas
ce que vous aillez dire
évitant le pire
désespoir de cause
contre votre coeur
du bout de vos lèvres
en toute méfiance
et résignation
Automobiles motocyclistes
avions hôtels
banquets cadeaux
Croyez plutôt
ce que disent nos ombres
comme un comédien
ne peut se passer
d'applaudissements
le moindre pouvoir
ou son apparence
nous monte à la tête
Catafalques mausolées
orgues éloges
grondements consolations
Mais croyez surtout
ce que vous dit votre ombre
les dents de cette bouche
s'usent et pourrissent
les yeux de ce masque
se voilent suppurent
et sous les discours
se terre la mort
Les yeux sont les trousdes vieilles serrures
verrouillant les portes
capitonnées cuir
de l'embarcadère
Les mots sont les clés
qui nous ouvriront
les geôles d'esclaves
où nous attendons
l'heure du départ
Dans le grand vaisseau
chargé de silence
ou des grondements
de l'orgue nomade
appareillant vers
Le gué où Jacob
la hanche démise
lutte avec un ange
pour trouver son nom
dans la prime aurore
Et vers les trésors
du temple détruit
que nul cavalier
en armure d'or
ne protège plus
Démon goguenardtout vêtu de blanc
comme un pharmacien
faisant de ses cornes
pinces ou ciseaux
instruments d'optique
tel un escargot
Détachant les ombres
des dames qui passent
entre les rideaux
il ouvre leurs cages
et suit leur essor
au-dessus des pages
cadres et canaux
Pivert migrateur
de Prague à Paris
signant à la fois
de toutes ses plumes
les murs et les nuages
il perce les portes
des aérodromes
Pour que les amants
perdus dans les mailles
des rues et des vols
aux détours du monde
puissent retrouver
dans l'huile du jour
la piste et la clef
Sur les prés des vaguesles naseaux des nuages
crinière de sel
écume emportée
aux galops du soir
vers les archipels
des volcans charmeurs
Sur les yeux des roches
les cils des embruns
sourcils de sargasses
iris des fantômes
à la découverte
dans les tourbillons
des sables chanteurs
Au fil des jours le réveil, la chambre, le courrier lorsque la poste fonctionne, les élèves, le temps qu'il fait, ce qu'on va manger, les soucis, les couleurs, les notes, la tombée du soir, la fatigue, la lampe.
Au fil du rasoir le visage dans la salle de bains, les yeux en face des trous, les dents à brosser, les cheveux à peigner et tailler, la mousse du savon, les plis des serviettes, le linge à laver, le robinet que l'on n'arrive plus à fermer.
Au fil du voyage les îles et les villes, les restaurants et les hôtels, les billets d'avions ou de trains, tickets de métros et musées, passeports et visas, change, monnaies nouvelles, trèfles et cactus, cartes postales dans leurs présentoirs, timbres, déchiffrements d'inscriptions, pèlerinages et découvertes.
Au fil de l'eau reflets et transparences, roulis et tangages, sables et galets, ivresses, nostalgies, écailles et nageoires, mouettes et flotteurs, les phares, les roseaux, les joncs, les algues, les chardons bleus, les voiles, les épaves et la prolifération de la rouille.
Au fil de l'épée les terreurs et guerres saintes, les taches de sang, les cicatrices et mutilations, les campagnes électorales, les épidémies, hôpitaux, famines, les exodes et les camps de concentration, les ruines et les barbelés, exocets et mirages, miradors et douanes volantes.
Au fil des rues les signaux et affiches, les rixes et sifflets, défilés, palabres, chiens errants, bistrots, éventaires, halles, enseignes, vitrines, soldes, haut-parleurs, passages à niveaux, embouteillages, parkings, stations-service, entrepôts, mairies, maisons d'arrêt, lycées, tramways, horloges et grilles.
Au fil des aiguilles chemises et chaussettes, écharpes et robes, dentelles et manteaux, rideaux, drapeaux et banderoles, reliures, sutures, broderies et tapisseries, patrons, canevas, épingles, miroirs, doublures, machines, rubans, mannequins, modèles dans les ateliers et sur les plages, les pages, les nappes, les draps et les suaires.
Au fil des souvenirs l'enfance et l'école, craies, déchirures, promenades au square, gâteries, parfums, dimanches sur l'asphalte, l'ennui et la pluie, vacances à la campagne ou au bord de la mer, les excursions dans la montagne, frissons et sueurs, skis et ballons, tornade et soleil, grippes et piqûres, la première fois qu'on a dormi à la belle étoile, allumé un feu, franchi une frontière, caressé une femme, touché un cadavre, les angoisses, les malaises, les insomnies, les échecs.
Au fil du discours les ponctuations, les reprises, les respirations, les gestes, les accélérations, les lenteurs, les pesanteurs, les soupirs, les bouquets d'adjectifs qui se tordent sous la passion comme les herbes sous l'orage, les énumérations, dialogues, annotations, les trous de mémoire, les démonstrations, les sophismes, les lapsus, les dérapages, les silences.
Au fil du récit les approches, les annonces, les prémonitions, les pièges, malentendus, complications, labyrinthes, rencontres, secours, les initiatrices, les libératrices, les instituteurs clarificateurs, les ruses, chances, détours, défenses, retournements, revirements, renversements, suspens, gouffres, menaces, vertiges, cauchemars, baisers, catastrophes, sauvetages, débarquements et triomphes.
Au fil des événements l'impatience, la rage, la résignation, les scandales, révoltes, grèves, manifestations, émeutes, démolitions, prises de bastilles, poings tendus, torrents d'insultes, lancers de pavés, gaz lacrymogènes, grenades, horreurs, fuites éperdues, refuges, complices, attentes, résistances, réseaux, soulagements, guérisons.
Au fil des années l'adolescence et son désarroi, la mue et la barbe, les choix difficiles, les tentatives amoureuses, les tentations de suicide, le mariage et l'installation, enfants et métiers, les interrogations et solitudes, les échelons de la hiérarchie, les rivalités, les lunettes si l'on n'en avait pas encore, cheveux qui blanchissent, calvitie naissante, articulations qui grincent, le ventre qui s'étoffe, le souffle qui raccourcit, l'oreille qui durcit, les problèmes qui passent des enfants aux petits enfants.
Au fil de la méditation les impasses, les illusions perdues, les espérances déçues, les théories abandonnées, les interdits à lever, les dogmes à déboulonner, les statues à délivrer de leur patine et de leur socle, à ranimer avec de nouveaux projecteurs, les murs à lézarder d'un coup de tête ou de gong, les lendemains qui se remettent enfin à chanter après leurs longues extinctions de voix, enrouements, radotages, grincements et paniques.
Au fil de la plume ce qu'on sait, du moins ce qu'on croit savoir, mais surtout ce qu'on ne sait pas encore, l'appel de l'impossible et de l'ignoré, ce que l'on voudrait savoir, ce dont on ne sait pas encore que c'est ce qu'on voudrait savoir, ce dont on ne peut pas parler et qu'on ne peut pourtant pas taire, ce dont il faut trouver à tout prix le moyen de le dire, à travers toutes langues et grammaires, en dépit de toutes réglementations et intimidations, envers et contre tout.
Au fil du pinceau ce qu'on voit, ce qu'on ne voit pas, peindre qu'on ne voit pas ce qu'on voit, que l'on ne peint pas ce qu'on peint, sur le papier, la soie, le plâtre ou les rochers, peindre que la peinture n'est pas de la peinture, ou du moins pas seulement, mais de la marche et de la rage, de la rouille et du détergent, de la houille et de la braise, du virus et de la vaccination, du pavé dans la mare et de l'huile sur le feu, du baume, de la dérive et de l'élixir de survie.
Au fil des ombres les crânes des anciens peintres qui se reforment et ricanent phosphorescents dans les galeries des musées entre mur et châssis, derrière les natures mortes aussi bien que les portraits, ce qui fait alors double ou triple crâne, et ceux de tous nos parents, amis et connaissances qui nous sont cachés dans les cimetières sous d'énormes dalles de marbre ou de granit, ou un peu d'herbe, ou pulvérisés dans quelque champ de bataille ou ville sinistrée, la foule des ancêtres en leur perpétuelle hantise et résurrection.
Au fil de la nuit le glas des heures qui cherchent fortune pour nous la transmettre, la bouteille à la mer, la cloche du naufrage pour nous guider vers les alcools enfouis, les joyaux vivaces, les graines préservées depuis les jardins suspendus de Babylone et même, qui sait? l'antique éden, à travers les vagues, les brouillards, les tourbillons, les traces, les cavernes sous les falaises, les tunnels sous les détroits, les raccourcis vers les Antipodes, vers le confort des satellites, vers les ténèbres de l'espace grouillantes d'anneaux et d'explosions, vers les levains de mondes et diapasons d'histoires, vers la rouille de l'univers qui tombe en pollen sur nos pages, nos toiles, nos fils et nos jours.
Au détour du chemin une épave travaillée par les intempériesQuelle délicatesse dans sa découpure! Y toucher détruirait ces merveilles d'érosion
Le regard s'enlise dans les branches mortes avec leurs lichens et leurs écorces déroulées
Puis dans les fissures des troncs où l'on aurait envie d'enfoncer ses messages pour les esseulées
Les arbres ont dispersé les pages de leurs livres et les rares promeneurs poursuivant leurs mélodies intimes égaré leurs clés et papiers
A peine s'il leur reste les vêtements éraillés et fripés qu'ils serrent sur leur corps frissonnant dans l'enchantement
Sauront-ils voudront-ils retrouver le chemin de leur maison renouer avec l'existence d'hier?
Enivrés par le temps qui passe ils ont laissé s'engloutir le fil de la vierge Ariane dans l'inondation de l'automne
Les doigts engourdis serrent l'anse épaisse pour soulever la tasse et l'approcher des narines. Après la première gorgée amère, elle redescend en faisant tinter la soucoupe, tandis que la vapeur américaine se love devant l'horloge parmi les conversations politiques ou sportives. Radio en sourdine diffusant des chansons d'amour malheureuses; et les premiers cliquetis d'un billard électrique.
*
Ayant mûrement choisi un morceau dans la demi-sphère nickelée, le taciturne encore ensommeillé le dépouille de son vêtement de papier candide qu'il froisse ensuite en une petite boule importune, puis le fait tomber dans le café noir à liséré d'or, giclure, avant de l'écraser, crissements, avec une petite cuiller ternie qui le mélangera par des cercles discrets. "Il faut attendre que le sucre fonde", disait un philosophe.
*
Quelques heures plus tard ce sont les verres lourdauds en forme de volubilis, au fond desquels on lâche une larme de cassis, immédiatement noyée par une lampée de vin blanc qui vire à l'incarnat. Chocs, vibrations de la surface, éclairs dans les reflets. A la santé de tel ou tel! Hochements de tête et sourires. La langue vient lécher les lèvres et le chiffon passe et repasse pour effacer les ronds poisseux.
*
Plus tard encore les menus plateaux de carton frappés d'armoiries bigarrées et devises de brasseurs, sur lesquels reposent confortablement les cylindres de bière blonde à perruque de mousse laiteuse. Les fines perles grimpent en rideaux frémissants comme dans un aquarium. Les dés du 421 roulent sur leur piste feutrée. Derrière les vitres embuées le jour baisse et s'allument brusquement les réverbères.
*
Dehors la nuit pluvieuse. Ici les graciles godets de rhum ou de calvados.
Relents poivrés, sillages, vague à l'âme. Les mentons appuyés sur les doigts croisés, les coudes plus ou moins écartés, les yeux mi-clos où dérivent les problèmes de famille et d'atelier, bisbilles et suggestions, aveux et insultes, les envies de vacances ou de voyages lointains, d'envoyer promener tout cela.
*
Patron, vous voilà bien silencieux, bien immobile! Encore un dernier petit coup, s'il vous plaît, pour se donner le coeur de rentrer.
On dispose de quinze échancrures pour y présenter les lignes recto ou verso, dont on ne peut naturellement lire qu'un côté à la fois. Comme il y en a 27, on en met douze en réserve. Le mieux est de se fier au hasard pour voyager dans un temps libéré.
Matériel:
Lundi c'est la rentrée des classes
Lundi l'odeur des confitures
Mardi c'est la grande lessive
Mardi fleurissement des tombes
Mercredi la visite à la famille
Mercredi la promenade au musée
Jeudi dépoussièrement des bibliothèques
Jeudi concert d'orgue à l'église
Vendredi on fait les bagages
Vendredi on range les chambres
Samedi départ pour la plage
Samedi buffet campagnard
Dimanche retour au bercail
Dimanche répétition du choeur
Janvier changement de calendrier
Janvier défilé des fourrures
Février dîner aux chandelles
Février les écharpes de soie
Mars les parapluies se retournent
Mars les nuages lancent des couteaux
Avril ne te découvre pas d'un fil
Avril pépiement des bourgeons
Mai les rives des étangs fleurissent
Mai la gorge du rossignol palpite
Juin mûrissement des cerises
Juin coquelicots voguant sur les blés
Juillet brunissement des peaux
Juillet ruissellement des plumes
Août festival des tonnerres
Août la houle des épis
Septembre adieu des hirondelles
Septembre espoir des vignerons
Octobre les poiriers rougissent
Octobre invasion des brouillards
Novembre les essais du givre
Novembre les braises dans l'âtre
Décembre clavier de glaçons
Décembre l'on déblaie la neige
Hiver saison des broderies
Hiver les narrations du soir
Printemps les fenêtres ouvertes
Printemps l'arc-en-ciel des ravins
Été l'arc-en-ciel des cailloux
Été rayons au fond des cours
Automne envol de cerfs-volants
Automne sauces du gibier
A Pâques les cloches voyagent
A Pâques les agneaux sont neufs
A la Saint-Jean les étincelles
A la Saint-Jean l'ombre et le sable
A la Saint-Michel son du cor
A la Saint Michel astronautes
A Noël trouver les cadeaux
A Noël départ pour la Lune
Échantillons:
recto:
Lundi c'est la rentrée des classes
Janvier changement du calendrier
Hiver saison des broderies
A Pâques les cloches voyagent
Mardi c'est la grande lessive
Avril ne te découvre pas d'un fil
Printemps les fenêtres ouvertes
A la Saint-Jean les étincelles
Mercredi la visite à la famille
Juillet brunissement des peaux
Été la splendeur des cailloux
A la Saint-Michel son du cor
Jeudi dépoussièrement des bibliothèques
Octobre les poiriers rougissent
Automne envol des cerfs-volants
verso:
Automne sauces du gibier
Octobre invasion des brouillards
Jeudi concert d'orgue à l'église
A la Saint-Michel astronautes
Été rayons au fond des cours
Juillet ruissellement des plumes
Mercredi la promenade au musée
A la Saint-Jean l'ombre et le sable
Printemps l'arc-en-ciel des ravins
Avril pépiement des bourgeons
Mardi fleurissement des tombes
A Pâques les agneaux sont neufs
Hiver les narrations du soir
Janvier défilé des fourrures
Lundi l'odeur des confitures
Ou encore:
recto:
A Noël trouver les cadeaux
Dimanche répétition du choeur
Décembre clavier des glaçons
Hiver les narrations du soir
A Pâques les cloches voyagent
Lundi l'odeur des confitures
Janvier défilé des fourrures
Printemps l'arc-en-ciel des ravins
A la Saint-Jean l'ombre et le sable
Mardi fleurissement des tombes
Février dîner aux chandelles
Été rayons au fond des cours
A la Saint-Michel son du cor
Mercredi la promenade au Musée
Septembre espoir des vignerons
verso:
Septembre adieu des hirondelles
Mercredi la visite à la famille
A la Saint-Michel astronautes
Été la splendeur des cailloux
Février les écharpes de soie
Mardi c'est la grande lessive
A la Saint-Jean les étincelles
Printemps les fenêtres ouvertes
Janvier changement de calendrier
Lundi c'est la rentrée des classes
A Pâques les agneaux sont neufs
Hiver saison des broderies
Décembre l'on déblaie la neige
Dimanche retour au bercail
A Noël départ pour la Lune
EXAMEN DE PASSAGEAmoureux du dessintoujours émerveillé
par les dessinateurs
d'abord il gribouillait
sagement à propos
puis il s'est approché
Aidé par des complices
enfin il a plongé
dans la piscine même
timidement pourtant
audacieusement
délicieusement
Le noir n'est plus si noir
la conversation dure
à travers la frontière
en charmant les gardiens
l'issue n'est plus si loin
les murs s'ouvrent en fleurs
Il faut attacher les ceinturesnous avons commencé l'approche
tournoyant vers l'aéroport
les maisons doucement grandissent
l'horizon caresse les nuages
malgré l'habitude qu'on a
il reste un peu d'appréhension
jusqu'au choc des roues sur la piste
Le temps d'enfiler les manteaux
et de reprendre les valises
piétinements l'un suivant l'autre
pour descendre jusqu'au nouveau
sol dans de nouvelles odeurs
et lumières jusqu'au portail
des suspicions et des tampons
des oboles et des casquettes
Rien d'interdit dans les bagages?
comment savoir? les gouvernants
sont aussi têtus que fantasques
les policiers vous dévisagent
les douaniers posent des questions
à quoi l'on ne sait que répondre
l'heure tourne sur les cadrans
la Terre tourne dans nos têtes
Enfin l'on pousse les chariots
entre les dernières barrières
les amis sont au rendez-vous
il y a déjà si longtemps
qu'on ne les avait rencontrés
ils n'ont pas changé nous non plus
disent-ils en nous accueillant
à bras ouverts dans leur pays
Où rien ne sera comme avant
ni rien comme on l'imaginait
mais pour apprécier les merveilles
pour attraper la balle au bond
tenir sa partie dans l'orchestre
il vaut mieux s'être préparé
avoir laissé les préjugés
sombrer dans la grande lessive
comme vieux vêtements percés
DE QUOI DEMAIN SERA-T-IL FAIT ?
Lorsque je rouvrirai les yeuxm'extrayant de ne sais quel songe
de quel pied vais-je me lever
pour découvrir le temps qu'il fait
Je vais retrouver quel visage
de quelle humeur dans le miroir
nouvelles rides et soucis
cheveux blanchis nouveaux sourires
Lorsqu'arrivera le courrier
quels timbres quelles signatures
les maladies les guérisons
les succès les deuils les naissances
Quels parfums et quelles saveurs
pour tenir l'esprit en haleine
quels rayons de soleil ou nuages
quels horizons quelles couleurs
Surprise au détour d'une phrase
inspiration tant attendue
pour résoudre un problème ardu
qui traînait depuis des semaines
Hasards de la conversation
quels souvenirs bien engloutis
vont remonter à la surface
ruisselant des rires d'antan
Dans quelles régions la fatigue
va-t-elle insinuer ses brouillards
ranimant toute une réserve
de douceurs et vitalité
Quand la nuit déploiera ses draps
l'écho viendra me demander
lorsque je fermerai les yeux
de quoi demain sera-t-il fait
D'abord on flotte dans un ventreen entendant battre un gros coeur
et siffler des respirations
dans les ténèbres rougeoyantes
Un passage un peu difficile
un premier cri quand l'air pénètre
lessivages et emballages
tripotages premiers baisers
On s'étire dans le berceau
on se hisse aux barreaux du parc
on navigue de bras en bras
on galope sur des genoux
Voici le chemin de l'école
chat perché billes constructions
lecture écriture calcul
premiers jeux sur ordinateurs
On découvre chansons et danses
conversations d'intimité
les parents paraissent vieux jeu
le sport les camps et les vacances
Difficultés d'orientation
dans les jungles d'enseignement
le sexe commence à troubler
dans les flots d'interrogation
Puis on devient parent soi-même
en gagnant sa vie comme on peut
difficultés d'installation
berceaux landaus jardins publics
A leur tour d'aller à l'école
les vêtements toujours trop courts
à notre tour d'être vieux jeu
et l'on s'émeut de leurs émois
Ils deviendront parents eux-mêmes
gagnant leur vie comme ils pourront
tandis qu'approche la retraite
petits-enfants sur les genoux
Fatigues malaises soucis
problèmes d'articulations
circulation respiration
les cheveux blanchissent et tombent
C'est alors qu'il faut s'accrocher
car les plus jeunes ont besoin
ne serait-ce que d'un sourire
pour franchir les gués périlleux
Voyager de plus en plus loin
par les enfants interposés
pour apprivoiser d'autres mondes
où l'on pourra se reposer
Les poussièresde l'Afrique
se sont fourrées
sous nos ongles
entre nos orteils
nos paupières
nos cheveux
et nos dents
à l'intérieur
de nos oreilles
de nos narines
où elles germent
en minuscules
radicelles
qui s'allongent
au long de nos veines
et de nos nerfs
Ainsi la brousse
et la savane
ont envahi
notre poitrine
une rauque fêlure
transforme notre voix
des baobabs
encore nains
décorent nos paumes
métamorphosant
nos lignes de vie
et de chance
il suffit maintenant
de les appliquer
à nos tempes
et nous entendons
le feulement des hyènes
Tout notre corps
est tatoué de lianes
creusées çà et là
de bassins boueux
où viennent boire
gnous et koudous
soucis et hantises
courant sur nos ventres
pour se faufiler
entre les branches
de nos genoux
notre Zambèze intérieur
quand il déborde
transfigure les vallées
qui nous entourent
en l'arbre interdit
de notre royaume perdu
Un soupçon de filigraneun atome de bon sens
une pincée de jambages
une tombée de sang d'encre
un gramme de solitude
une once d'obstination
beaucoup d'ingéniosité
le toucher le plus léger
les yeux les plus acérés
les ailes de l'amitié
pour soustraire au poids des temps
la libération des livres
Depuis bien longtemps il n'y avait plus un seul arbre sur la planète, plus un brin d'herbe; faute d'eau. On n'avait jamais trouvé de graines; d'ailleurs on ignorait quelles formes elles pouvaient avoir. Un jour un explorateur négligent fit tomber une bouteille d'eau gazeuse au fond du canyon Mariner. Elle se fissura et diverses spores qui attendaient depuis des millénaires en ont profité pour développer leurs germes en lianes à feuilles rousses.
Personne ne s'en est aperçu et elles ont fini par périr, mais non sans avoir produit d'autres spores et en avoir réveillé d'espèces différentes. Lors de l'expédition suivante on découvrit ces brindilles sèches que l'on prit pour une curieuse formation minérale et que l'on enferma soigneusement dans une caisse hermétique pour les étudier à loisir sur Terre. Des malentendus administratifs, comme il ne s'en produit encore que trop fréquemment, la firent parvenir dans un laboratoire incompétent qui l'ouvrit sans les précautions nécessaires.
C'est ainsi que des forêts rougeoyantes à fourrés de braise et de miel se sont mises à couvrir l'Australie, adoptées aussitôt par les animaux à fourrure qu'elles camouflent admirablement. Si l'on ne savait le fin mot de l'affaire, on prendrait cela pour un exemple caractéristique d'adaptation mimétique.
A l'automne les feuilles verdissent avant de tomber et les animaux changent de forêt. D'innombrables mutations sont en cours. Les distillateurs et confituriers font des essais avec ces nouveaux fruits dont on nous promet des merveilles. Certains parviennent déjà dans nos supermarchés.
Il semble que chacune de nos essences ait eu son répondant là-haut, ce qui facilite considérablement la nomenclature. Certes, il n'y a pas que la couleur; le dessin des feuilles, la texture de l'écorce, le parfum des fleurs, la saveur des fruits diffèrent toujours quelque peu, et surtout la forme des graines que l'on prendrait pour des petits cailloux. Mais on s'y retrouve sans trop de mal.
Les croisements ne sont pas toujours féconds, mais on a déjà obtenu de spectaculaires métis bigarrés, surnommés arc-en-ciel, queue de paon, mosaïque ou flamboiement. Tous nos parcs désormais ont leur arpent d'acclimatation. Au Japon s'ouvrent de nouvelles écoles de bonzaï et d'ikebana.
On répand aujourd'hui méthodiquement de l'eau dans les régions profondes pour ranimer les espèces en hibernation. Mais la recherche se heurte dans mainte province aux inconditionnels de la prairie verte que d'ailleurs les vaches préfèrent incontestablement jusqu'à présent. Il y a eu des émeutes çà et là. L'éducation ne progresse que lentement malgré les campagnes médiatiques et les efforts de vulgarisation des spécialistes. Certains politiques en ont fait leur thème de propagande électorale: verts contre rouges! La symbolique des couleurs a bien changé.
Quant à la planète d'origine, ce peu d'eau qu'on lui apporte ne lui permet nullement de reconstituer des forêts. C'est donc toujours le même désert de pierre, mais que nous regardons tout autrement.
Une tache de pluiesur le mur de l'arène
la nostalgie du Nord
parmi les oliviers
le vent qui vous renverse
au détour d'une ruelle
Rechercher le diamant
dans la cendre et l'asphalte
tisonner la torpeur
dans l'athanor des ombres
frapper sur les rochers
pour que l'or en jaillisse
Racler la suie du ciel
en captant les rayons
mêler neige et charbon
dans la gueule des fours
où l'antique désastre
guérit ses déchirures
Mettre le feu aux poudres
pour que germe Babel
creuser ses fondations
jusqu'au nickel du centre
libérant ses fureurs
du toril des cyclones
Feuilleter les étages
du livre de la Terre
inscrivant les rumeurs
des siècles révolus
sur le tarmac rugueux
de nos embarcadères
Broyer les grains du temps
dans le pressoir des ruines
pour léguer l'élixir
de réjuvénation
aux enfants alchimistes
du prochain millénaire
Même les chutes du Zambèzeont souffert de la sécheresse
le niveau du lac de barrage
a singulièrement baissé
les arbres jadis engloutis
dressent leurs branches dénudées
où guettent les aigles pêcheurs
dans le miroitement du soir
Quant aux ruisselets d'écriture
irriguant la savane blanche
pour abreuver les solitaires
dans l'embouteillage des villes
la vieillesse les affaiblit
et il est temps de découvrir
d'autres sources pour qu'à nouveau
dans la boue jaillisse l'eau vive
Passant d'un obélisque à l'autreentre Paris et Washington
va porter à tes petits-fils
les amitiés d'un vieux barbu
qui espère les rencontrer
un jour d'un côté ou de l'autre
de l'Atlantide submergée
que nous avons tant survolée
Il y a déjà des années
que je n'ai vu le Potomac
ne sais quand je réussirai
à revenir interroger
les monuments et les musées
à me reposer sur un banc
du mail dans le soleil d'automne
prenant une respiration
pour redécouvrir l'Amérique
Les feuilles et les nuagesLes brindilles violettes sous les rayons
Les roseaux blancs près des mousses moirées
Les algues bleues nageant sous les écorces grises
Les nageoires flammées flottant parmi les sillages noirs frôlant
Les queues vertes rayées tournoyant parmi les plumes pourpres planant
Les écailles jaunes irisées plongeant entre les éclats ocellés sombres naviguant
Les ouïes pourpres et les yeux lumineux filant au long des reflets orange nacrés courant
Les ondes indigo et les ombres jaspées tournant autour des frissons crépusculaires et des cailloux striés
Les oiseaux rouges rasant les feuilles marbrées caressant les pelages fauves et les brumes claires s'envolant
Les feuilles chatoyantes recouvrant les brindilles rouille oscillant parmi les nuages bruns s'enfonçant parmi les rayons crépusculaires miroitant
Les roseaux noirs scintillant se balançant devant les algues fauves ruisselant sur les mousses moirées tremblant sous les écorces rouges se posant
Les sillages lumineux se faufilant frétillant parmi les plumes nacrées tombant sur les nageoires irisées réfléchissant les queues chatoyantes disparaissant
Les éclats verts nageant parmi les reflets marbrés flottant sur les écailles ocellées frôlant les ouïes jaunes tournoyant
Les frissons rouges planant au-dessus des cailloux clairs plongeant dans les ondes violettes et les ombres grises naviguant
Les pelages striés et les brumes rouille filant vers les yeux sombres et les oiseaux jaspés s'envolant
Les nuages flammés et les rayons pourpres courant derrière les feuilles brunes rayées scintillant
Les mousses orange crépusculaires miroitant sous les brindilles blanches et indigo s'enfonçant
Les écorces bleues et noires courant parmi les roseaux sombres oscillant
Les sillages fauves se faufilant parmi les algues flammées frétillant
Les plumes pourpres caressant chatoyantes vibrant
bleu réfléchissant vert tremblant
crépusculaire tournant rasant
se balançant disparaissant
Ils approchent les voiciil faut encore des jumelles pour les voir
ils nous apportent des nouvelles
de l'autre côté de la houle
de l'autre côté des tempêtes
de l'autre côté des adieux
Mortels pour les piratesles récifs assurent
notre tranquillité
nous laissant ainsi
le temps de construire
un navire à notre guise
pour aller clandestinement
voir ce qui a changé
dans notre ancienne patrie
Un navire chargé d'ivoireaborde aux portes de Paris
nos cousins néandertaliens
descendent avec leurs aurochs
pour défiler dans nos jardins
en nous apportant des fossiles
et des outils préhistoriques
pour les galeries des musées
Les écoliers avec leurs maîtres
les étudiants les professeurs
ont préparé des banderoles
pour saluer les arrivants
mais comme ils ne savent pas lire
on a juché des interprètes
dans les carrefours stratégiques
aux réverbères décorés
Ils dansent avec leurs massues
empoignant les cornes des bêtes
virevoltant sur leurs échines
et retombent poussant des cris
photographes et cinéastes
remplissent leurs boîtes goulues
pour le grand bonheur des absents
et l'étonnement des acteurs
Ils nous viennent d'une caverne
sous un atoll du Pacifique
des fournaises les éclairaient
des cheminées les aéraient
parmi leurs forêts mordorées
une explosion les a piégés
il y a bien des millénaires
une autre les a délivrés
Quand ils les ont vu remonter
par les fissures élargies
les militaires ne savaient
comment annoncer la nouvelle
surtout comment identifier
les autorités compétentes
panique dans les ministères
ricanements d'opposition
On a recherché des linguistes
capables d'établir des ponts
entre leur langage et le nôtre
ils ont fait d'énormes progrès
avec leur élocution grave
tout ce qu'on leur dit les fait rire
Ils aiment parler aux enfants
qui sont fascinés par leurs gestes
Les professionnels du tourisme
organisent des safaris
les gouvernements s'interrogent
sur le statut de ces intrus
profitons de leur désarroi
pour aller à la découverte
dans le retournement des armes
d'autres mines d'humanité
"A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu."
Et les consonnes, quel arc-en-ciel! Le plus merveilleux, c'est que cela change. En cette saison l'A se portera moiré, l'E sera plutôt écru, l'I tirera vers l'orange. Alors les syllabes, quelles plumes pour la nuée d'oiseaux des livres et improvisations! Voici qu'ils se posent sur le pré: roucoulements et mariages. Les enchanteurs sortent des granges pour les apprivoiser. Les mots virevoltent jusqu'à la forêt. Les phrases se posent sur les murs du château comme des vignes. Une giboulée passe et détache tous les pétales qui se déposent sur les dernières taches de neige parmi les rameaux noirs et les feuilles de houx. Un rayon de soleil maintenant trace un chemin jusqu'à la source entre les mousses de commentaires et les reflets des nuages. Les saveurs et les ombres mûrissent dans les conjugaisons. Les subordonnées s'affranchissent pour ouvrir l'oeil des caractères dont les corps s'étendent au long des échelles et des nuances. La chanson des récoltes envahit l'horizon et du pressoir du texte enluminé ruisselle un élixir de longue vie.
L'opéra le musée du Louvreviens avec moi vois avec moi
Montmartre les Champs-Elysées
sentir avec toi tourner avec toi
Saint-Germain-des-Prés Saint-Sulpice
vis avec moi bois avec moi
Montparnasse le Luxembourg
je dors avec toi je lis avec toi
bois de Boulogne ou de Vincennes
chante avec moi sors avec moi
l'obélisque de la Concorde
dansant avec toi jouant avec toi
archives et bibliothèques
fuis avec moi brûle avec moi
vitraux et monuments aux morts
trembler avec toi brillons tous les deux
Dans les corridors du métro
les orchestres de Péruviens
sont pourchassés par la police
avec leurs filets et ponchos
mais pendant les quelques instants
où l'on a pu tendre l'oreille
ils ont fait passer les échos
des Incas et des cordillères
entre les rails et les affiches
qui nous proposent d'acheter
réfrigérateurs et sommiers
d'assister aux films catastrophes
ou de partir à l'étranger
pour nous laver de notre ennui
dans des îles à cocotiers
ou l'archéologie des Andes
Le petit café sur le zinc
pars avec moi cours avec moi
demi pression sur la terrasse
charmer avec toi je parle avec toi
restaurants italiens et slaves
ris avec moi glisse avec moi
chinois japonais vietnamiens
je dis avec toi roulant avec toi
les crêperies les pizzerias
flotte avec moi hurle avec moi
la soupe à l'oignon les grillades
marchant avec toi nager avec toi
les poissons les fruits et légumes
aime avec moi baise avec moi
les averses sur les marchés
je frôle avec toi goûtons tous les deux
Marchands d'instruments de musique
ouvre avec moi entre avec moi
enregistrements en tous genres
je reste avec toi je mange avec toi
magnétophones portatifs
sors avec moi monte avec moi
haut-parleurs grands comme des tombes
planant avec toi volant avec toi
auditoriums et discothèques
grave avec moi plie avec moi
limonaires et carillons
penser avec toi trinquer avec toi
les bals du quatorze juillet
ourle avec moi brode avec moi
les cris de la foire du Trône
grimper avec toi tombons tous les deux
Quand nous arrivons sur le quai
dans la foule des affairés
ne cessant d'interroger l'heure
nous jetons un regard mêlé
de dégoût d'envie et pitié
aux clochards cuvant leur picrate
qui se retournent sur les bancs
en gémissant de longs soupirs
mais voici que crisse le train
et ce sont les râles des portes
il faut se hâter de creuser
sa place dans la pâte humaine
et de déposer sa valise
sans écraser les pieds d'autrui
avant de compter les stations
jusqu'à notre destination
Frappe avec moi mords avec moi
chuchotements conversations
je griffe avec toi saignant avec toi
déclarations raisonnements
pleure avec moi meurs avec moi
débats monologues rumeurs
sombrant avec toi foncer avec toi
expositions démonstrations
tisse avec moi plante avec moi
discours programmes conférences
cueillir avec toi je trouve avec toi
admonestations confidences
flaire avec moi sois avec moi
appels objurgations ripostes
je rampe avec toi semons tous les deux
sermons balbutiements silences
Hésiode nous apprend dans la Théogonie que Zeus, ayant épousé la Justice, devint père des Parques "qui seules peuvent donner aux hommes heur ou malheur" : Clotho qui tient la quenouille et en façonne le fil de notre existence, Lachésis qui l'enroule autour de son fuseau et en règle les détours, Atropos, la Mort, qui le tranche avec ses ciseaux. Ces trois fantômes hantent encore nos ateliers qu'ils soient de couture, peinture ou d'horlogerie. Les fils de lin d'autrefois sont traduits aujourd'hui par ceux de l'électricité ou les rubans des magnétophones ou magnétoscopes lesquels scandent nos travaux et nos danses. A l'intérieur de ce labyrinthe un fil d'Ariane rouge emprunté à l'Hymne de la mort de Ronsard, nous permet de remonter le temps ou de l'anticiper, d'échapper à ses pièges et d'explorer ses antres et perspectives.
Les ciseaux usés. Hésiode auteur des Travaux et des Jours. la montre et les lunettes. l'échiquier. Hésiode né vraisemblablement au huitième siècle avant notre ère en Béotie. effacement.
ainsi qu'un prisonnier qui jour et nuit endure
la nageuse immobile. Hésiode nous apprend dans sa Théogonie ou généalogie des dieux. les ciseaux et les lunettes. le casque. Nous apprend que Zeus le tonnant le maître de la grande montagne. disparition.
les manicles aux mains aux pieds la chaîne dure
l'écouteur effacé. Zeus le Jupiter latin ayant épousé Thémis la Justice. la montre sur l'échiquier. le code. Zeus le fils de Cronos le Temps devint père des Parques les effrayantes. oubli.
se doit bien réjouir à l'heure qu'il se voit
couper. Le fils du Saturne latin devint le père des Parques seules habilitées. les barres disparues. les lunettes de la nageuse. Les filles du Tonnant seules capables de distribuer aux hommes heur et malheur. les mains.
délivré de prison ainsi l'homme se doit
noyade. Clotho la première Parque. le citron oublié. l'échiquier sous le casque. Petite-fille du Temps celle qui tient la quenouille. l'inscription.
réjouir grandement quand la mort lui délie
enfoncement. Clotho qui avec la quenouille. l'empreinte noyée. la nageuse et ses écouteurs . Clotho qui façonne le fil. la marcheuse coupée.
le lien qui serrait sa misérable vie
atténuation. Façonne le fil de notre existence colorée d'heur et de malheur. montrer. la liseuse enfoncée. Lachésis la seconde Parque. le casque et le code.
pour vivre en liberté car on ne saurait voir
l'enregistreur. Lachésis qui enroule le fil de notre existence. blanchiment. le gymnaste atténué. L'enroule autour de son fuseau. l'écouteur devant les barres.
rien çà-bas qui ne soit par naturel devoir
le danseur. L'enroule et règle ses détours. recouvrement. les clefs blanchies. Les détours du fil de notre existence. le code dans les mains.
esclave de labeur non seulement nous hommes
le miroir révélateur. Le fil bigarré de lumière et d'ombres. éblouissement. regarder. Atropos la troisième Parque. la piscine recouverte.
qui vrais enfants de peine et de misère sommes
les barres près du citron Atropos la mort qui tranche. la joueuse. tranquillité. Atropos qui tranche avec ses ciseaux. l'éblouissante vanité.
mais le soleil la lune et les astres des cieux
les mains sur l'inscription. Atropos qui tranche le fil. la méditation. abandon. les trois Parques. les lames tranquilles.
font avecques travail leur tour laborieux
le citron sur l'empreinte. Qui tranche le fil de notre existence. le calque explicateur. solitude. Le fil contrasté de deuils et de joies. gagner.
la mer avec travail deux fois le jour chemine
les rouages abandonnés. Ces trois fantômes. l'inscription de la marcheuse. les jambes. Les trois Parques filles de Zeus. exténuation.
la terre tout ainsi qu'une femme en gésine
les bras solitaires. Les petites-filles du Temps dévorant. l'empreinte de la liseuse. les cuisses. Clotho la façonneuse. suppression.
qui pleine de douleur met au jour ses enfants
les épaules exténuées. La Parque à la quenouille. la marcheuse et son enregistreur. les seins gagnants. Lachésis l'enrouleuse. élimination.
ses fruits avec travail nous produit tous les ans
nager. La Parque au fuseau. le ventre supprimé. la liseuse et la gymnaste. Atropos la trancheuse. l'heure.
ainsi dieu l'a voulu afin que seul il vive
lavage. La Parque aux ciseaux. le départ éliminé. l'enregistreur du danseur. Les fils de lin d'autrefois. les aiguilles.
affranchi du labeur qui la race chétive
évanouissement. Ces trois fantômes. le cadran lavé. le gymnaste et ses clefs. Les trois filles de l'Ébranleur. le bracelet nageur.
des humains va rongeant de soucis langoureux
brouillard. Petites-filles du Dévorant. arborer. la quenouille évanouie. Petites-filles du Faucheur. la quenouille évanouie. le danseur devant le miroir.
pource l'homme est bien sot ainçois bien malheureux
le fuseau. Hantent encore nos ateliers. le fil brouillé. Les clefs au bord de la piscine. Hantent nos ateliers de couture. la chanteuse.
qui a peur de mourir et mêmement à l'heure
l'ombre silencieuse. Avec leurs façonnages et enroulages. usure. le miroir de la joueuse. Avec leurs enroulements et coupures. les vagues arborescentes.
qu'il ne peut résister que soudain il ne meure
immobilité. Hantent nos ateliers de peinture. écouter. le sourire usé. Avec leurs esquisses et dessins. la piscine de la vanité.
se moquerait-on pas de quelque combattant
l'inquiétude. Avec leurs collages et cadrages. effacement. le puits immobile. Hantent nos ateliers d'horlogerie. la joueuse en méditation.
qui dans le camp entré irait s'épouvantant
la partition. Avec leurs ressorts et rouages. disparition. les verres effacés. Avec leurs cadrans et avertisseurs. la vanité aux lames.
ayant sans coup ruer le coeur plus froid que glace
les branches auditives. Les fils de lin d'autrefois. oubli. juger. Les fils de laine. les coudes disparus.
voyant tant seulement de l'ennemi la face
la méditation sur le calque. Les fils de chanvre. les genoux. noyade. Les fils que Clotho façonnait. le latin oublié ou le grec.
puisqu'il faut au marchant sur la mer voyager
les lames des rouages. Colorés d'heur et de malheur. le modèle. enfoncement. Les fils que Lachésis enroulait. la traduction noyée.
est-ce pas le meilleur sans suivre le danger
le calque des jambes. Bigarrés de lumière et d'ombres. la transparence judiciaire. atténuation. Les fils qu'Atropos tranchait. barrer.
retourner en sa terre et revoir son rivage
la coupure enfoncée. Contrastés de deuils et de joies. les rouages des bras. le sommeil. Les fils de nos existences de lin. blanchiment.
puisqu'on est résolu d'accomplir un voyage
la montagne atténuée. De nos existences de laine ou de chanvre. les jambes et les cuisses. l'ensevelissement. Ces fils sont traduits aujourd'hui. recouvrement.
est-ce pas le meilleur de bientôt mettre fin
l'élan blanchi. Comme le sablier du Dévorant est traduit en montres et cadrans. les bras et les épaules. la rotation barrée. Comme la foudre du Maître de la montagne est traduite en bombes à retardement. éblouissement.
pour regagner l'hôtel aux labeurs du chemin
prendre. Tous ces fils sont traduits par ceux de l'électricité. l'attente recouverte. les cuisses et les seins . C'est-à-dire par ceux de la foudre arrachée au Maître de la montagne. le livre.
de ce chemin mondain qui est dur et pénible
tranquillité. Traduits par les rubans de nos magnétophones. le verdict éblouissant. les épaules et le ventre. C'est-à-dire par l'enroulement-déroulement de l'ancien sablier. les commentaires.
épineux raboteux et fâcheux au possible
abandon. Ou encore la régularisation des battements de l'ancienne faux c'est-à-dire l'incarcération des anciennes ombres. la torsion tranquille. les seins à l'heure. Les rubans des magnétophones ou magnétoscopes. les pieds pris.
maintenant large et long et maintenant étroit
presser. Le réenroulement de l'ancienne écriture. solitude. les parallèles abandonnées. La réanimation de l'ancienne peinture. le ventre sur le départ.
où celui de la mort est un chemin tout droit
la grille. La réincarnation de l'ancienne couture. les chiffres solitaires. l'heure des aiguilles. La réverbération de l'ancienne horlogerie. les pointes.
si certain à tenir que ceux qui ne voient goutte
le renversement exténué. Les rubans façonnés par Clotho. suppression. le départ sur le cadran. La fille de la Justice au sablier. les pointes.
sans fourvoyer d'un pas n'en faillent point la route
inscrire. La fille de l'Ébranleur aux cornes de taureau. suppression. les étincelles exténuées. Rubans tirés de sa quenouille. les aiguilles sur le bracelet.
si les hommes pensaient à part eux quelquefois
le déplacement. Les rubans enroulés par Lachésis. élimination. le redoublement supprimé. La fille de la Justice à la balance. le cadran des quenouilles.
qu'il nous faut tous mourir et que même les rois
l'hésitation. La fille de l'Ébranleur aux ailes de cygne. lavage. la réponse éliminée. Les rubans enroulés autour de son fuseau. le bracelet de fuseaux.
ne peuvent éviter de la mort la puissance
le violon inscrit. Les rubans tranchés par Atropos. évanouissement. imprimer. La fille de la Justice au glaive. les échos lavés.
ils prendraient en leur coeur un peu de patience
la quenouille et le fil. La fille de l'Ébranleur aux serres d'aigle. l'ouverture. brouillard. Rubans tranchés par ses ciseaux. la lecture évanouie.
sommes-nous plus divins qu'Achille ni qu'Ajax
le fuseau de la chanteuse. Les rubans des magnétophones et magnétoscopes. l'explication. silence. Les rubans qui rythment nos travaux et nos jours. l'enroulement brouillé.
qu'Alexandre ou César qui ne se surent pas
le fil de l'ombre. Nos travaux colorés d'heur et de malheur. le déroulement imprimé. usure. Nos jours traversés de cornes de taureaux et de sabliers. marcher.
défendre du trépas bien qu'ils eussent en guerre
l'amplification silencieuse. Nos travaux bigarrés de lumière et d'ombres. la chanteuse au-dessus des vagues. la reprise. Nos jours bousculés d'ailes de cygnes et de balances. immobilité.
réduite sous leurs mains presque toute la Terre
les oreilles usées. Nos travaux contrastés de deuils et de joies. l'ombre d'un sourire. le bougeoir. Nos jours harcelés de serres d'aigles et de glaives. effacement.
beaucoup ne sachant point qu'ils sont enfants de Dieu
la chandelle immobile. A l'intérieur du labyrinthe que les rubans et fils des Parques. des vagues d'inquiétude. la mèche baladeuse. Les rubans de plastique et de soie. disparition.
pleurent avant partir et s'attristent au lieu
les carreaux effacés. Les fils de lin et d'eau. lire. le sourire du puits. les mouvements. Les rubans de plastique et de moire. oubli.
de chanter hautement le péan de victoire
les signaux disparus. Les fils de laine et de flammes. l'inquiétude quant à la partition. les avertissements. Les rubans de métal et de velours. noyade.
et pensent que la mort soit quelque bête noire
les sillons oubliés. Les fils de chanvre et de lamentation. le puits de verre. les rayures lisibles. Les rubans de verre et d'algues. enfoncement.
qui les viendra manger et que dix mille vers
enregistrer. Le labyrinthe que les rubans et fils des Parques tracent à travers nos ateliers. les rainures noyées. la partition des branches. Ateliers de couture ou de menuiserie. les yeux.
rongeront de leurs corps les os tout découverts
atténuation. Ateliers de peinture ou de lutherie. les cordes enfoncées. les verres et les coudes. Ateliers d'horlogerie ou d'informatique. la chanson.
et leur têt qui doit être en un coin solitaire
blanchiment. A l'intérieur de ce labyrinthe court un fil. le dos atténué. les branches sur les genoux. Un fil d'Ariane ou ruban rouge. le sillage enregistré.
l'effroyable ornement d'un ombreux cimetière
recouvrement. Un fil ou ruban façonné non seulement par Ariane. s'exercer. la fente blanchie. La fille de Minos et de Pasiphaé. les coudes sur le latin ou le grec.
chétif après la mort le corps ne sent plus rien
l'écueil. La soeur de Phèdre et du Minotaure. éblouissement. les voiles enregistrés. L'amante de Thésée puis celle de Dionysos. les genoux du modèle.
en vain tu es peureux il ne sent mal ni bien
la citation. Le dieu aux quenouilles de vigne. tranquillité. les rimes éblouies. Le dieu aux fuseaux d'ivresse. le latin ou le grec en traduction.
non plus qu'il faisait lors que le germe à ton père
le vers expert. Le dieu aux ciseaux d'éleveur. abandon. danser. Façonné non seulement par Ariane mais aussi par Clotho la Parque. les plis tranquilles.
n'avait enflé de toi le ventre de ta mère
le modèle en transparence. Ruban extrait de sa quenouille. la Renaissance. solitude. Un fil enroulé non seulement par Ariane. la Pléïade abandonnée .
Télèphe ne sent plus la plaie qu'il reçut
la traduction de la coupure. L'experte et la divinatrice. l'Antiquité. exténuation. Conductrice et libératrice. la révolution solitaire.
d'Achille quand Bacchus en tombant le déçut
la transparence du sommeil. L'abandonnée la couronnée. le siècle danseur. suppression. Mais enroulé aussi par Lachésis la Parque. ouvrir.
et des coups de Paris plus ne se sent Achille
le millénaire exténué. Enroulé autour de son fuseau. la coupure dans la montagne. élimination. Un fil tranché non seulement par Ariane. le visage.
plus Hector ne sent rien ni son frère Troïle
les lèvres supprimées. L'infatigable et la subtile. le sommeil de l'ensevelissement. les dents. La patiente inspirée. les tissus éliminés.
c'est le tout que l'esprit qui sent après la mort
lavage. L'enivrante équilibrée. la montagne de l'élan. le nombril ouvert. Mais tranché aussi par Atropos la Parque. évanouissement.
selon que le bon oeuvre ou le vice le mord
réfléchir. Ruban tranché par ses ciseaux. la peau lavée. l'ensevelissement dans la rotation. Un fil ou ruban rouge emprunté à la Renaissance. le glas.
c'est le tout que de l'âme il faut avoir soin d'elle
brouillard. Emprunté à un Hymne à la Mort. la tombe évanouie. l'élan de l'attente. Dans le labyrinthe et les ateliers de la Renaissance. le Soleil.
d'autant que dieu l'a faite à jamais immortelle
silence. Un Hymne de la Mort composé par Ronsard. le matin brouillé. la rotation des livres. Un fil ou un ruban d'Ariane qui nous permette de remonter le Temps. la réflexion du soir.
il faut trembler de peur que par faits vicieux
usure. De le remonter ou l'anticiper. baigner. les rayons silencieux. Un fil ou un ruban qui nous permette d'échapper aux pièges du Temps. l'attente du verdict.
nous ne la bannissions de sa maison les cieux
le temps. Les pièges de la quenouille de Clotho la Parque. immobilité. la nuit usée. Les pièges du fuseau de Lachésis. la Lune.
pour endurer après un exil très moleste
le livre et son commentaire. Les pièges des ciseaux d'Atropos. effacement. le cri immobile. Qui nous permettent d'écouter les délibérations du Temps. le verdict de torsion.
absente du regard de son père céleste
le bain de la modernité. Les délibérations du sablier de Clotho l'effrayante. disparition. jouer. Les délibérations de la balance de Lachésis. l'audace effacée.
et ne faut de ce corps avoir si grand ennui
le commentaire des pieds. Les délibérations du glaive d'Atropos. l'hymne. oubli. Un fil ou un ruban rouge qui nous permette. la torsion des parallèles.
qui n'est que son valet et son mortel étui
la mort disparue. Dans le labyrinthe de nos ateliers nous permette. Ronsard. noyade. Nous permettent d'enregistrer les verdicts du Temps. les ciseaux oubliés.
et qui toujours répugne à la raison divine
les pieds de la grille. Les verdicts des cornes de Clotho fille de Thémis la Justice. les jeux des montres. enfoncement. Les verdicts des ailes de Lachésis. se vanter.
pource il nous faut garder de n'être surmontés
les lunettes noyées. Les verdicts des serres d'Atropos. les parallèles des chiffres. l'échiquier. Qui nous permette de suivre l'indulgence du Temps. atténuation.
des traîtres hameçons des fausses voluptés
la nageuse enfoncée. De suivre les enseignements de Clotho la petite-fille du Temps. la grille des pointes. le casque. De suivre les caresses de Lachésis. blanchiment.
qui nous plaisent si peu qu'en moins d'un seul quart d'heure
les écouteurs atténués. De suivre les berceuses d'Atropos. le chiffre du renversement. le code vantard. Un fil ou un ruban qui nous permette d'explorer les antres du Temps. recouvrement.
rien fors le repentir d'elles ne nous demeure
méditer. Les antres et les perspectives du Temps. les barres blanchies. la pointe du scintillement. Les ateliers de la couture du Temps. les mains.
il ne faut pas humer de Circé les vaisseaux
éblouissement. Les labyrinthes de la peinture du Temps. le citron recouvert. le renversement des étincelles. Les antres de l'horlogerie des Parques. l'inscription.
de peur que transformés en tigres ou pourceaux
tranquillité. Les perspectives de la Justice du Temps. l'empreinte éblouissante. le scintillement des déplacements. Les perspectives qui seules peuvent donner heur et malheur aux hommes. la marcheuse méditative.
nous ne puissions revoir d'Ithaque la fumée
...
Sommaire n° 8 :MORAINES
BATONS DE JEUNESSE
CANDIDATURE
LEVÉE D'ÉCROU
DÉCOLLAGE IMMÉDIAT
CHEVAL DE LAVE
LE FIL A QUOI TIENT NOTRE VIE
UN TROU PERDU
SOUVENIRS DU ZINC
CALENDRIER NOMADE
GRIBOUILLE S'ENHARDIT
EXAMEN DE PASSAGE
DE QUOI DEMAIN SERA-T-IL FAIT ?
DE PROCHE EN LOIN
ARBORESCENCES
PESE-LETTRES
BOTANIQUE MARTIENNE
LA BRULURE DU GRIS
INTARISSABLE
BONNE TRAVERSÉE
VIVIER D'AUTOMNE
FLOTTILLE
CRIQUE
L'ARCHE DE LA DÉFENSE
AU VERGER DES PAGES
AIR DE PARIS
L'ATELIER DES PARQUES